Pieuvre.ca: média flottant indépendant

Né en 2009, sous l'impulsion de Hugo Prévost et Mathieu Labrie, le site Pieuvre.ca s'est doté ces dernières semaines d'un nouveau look. Ses fondateurs souhaitaient évacuer l'étiquette de blogue qui leur collait aux tentacules et offrir une plateforme plus professionnelle à leur quinzaine de collaborateurs et à leurs quelque 10 000 visiteurs uniques mensuels. ProjetJ.ca s'est entretenu avec eux.

Né en 2009, sous l'impulsion de Hugo Prévost et Mathieu Labrie, le site Pieuvre.ca s'est doté ces dernières semaines d'un nouveau look. Ses fondateurs souhaitaient évacuer l'étiquette de blogue qui leur collait aux tentacules et offrir une plateforme plus professionnelle à leur quinzaine de collaborateurs et à leurs quelque 10 000 visiteurs uniques mensuels. ProjetJ.ca s'est entretenu avec eux.

Concevez-vous Pieuvre.ca comme un média généraliste, malgré la grande place accordée à la culture?

Hugo Prévost: La culture occupe effectivement une grande place chez Pieuvre.ca, reflétant en ce sens la richesse culturelle montréalaise et mondiale, mais cet état de fait tend à disparaître, laissant la place à un certain équilibre entre la culture et les nombreux autres domaines que nous couvrons. J'ai toujours défini Pieuvre.ca comme un média généraliste, et je tiens absolument à ce qu'il le demeure. Les sites culturels sont légion, et l'actualité me confirme tous les jours qu'il y a beaucoup plus à dire sur notre monde que simplement les concerts de la veille, même si ceux-ci ont leur place.

Comment souhaitez-vous vous démarquer dans le paysage médiatique québécois?

Mathieu Labrie: On croit bien pouvoir se démarquer par l'aspect indépendant du projet. On n'apprendra rien à personne en disant que c'est très sélect, l'information généraliste au Québec. On voit de beaux exemples de gens qui trouvent une "niche" et qui s'y concentrent. Nous croyons que le lectorat en lui-même est "niche". Nous mettons beaucoup d'efforts afin de publier un contenu de qualité et à générer de bonnes alliances avec les événements que nous couvrons entre autres. Nous parlons en profondeur de sujets qui sont souvent à peine effleurés par les autres médias généralistes et ça, on en est fiers.

Hugo Prévost: Je considère que les grands médias ne prennent pas assez le temps de couvrir certains sujets, et d'en creuser d'autres. Peut-être est-ce la mission de plus petits médias? Voilà ce en quoi nous pouvons nous démarquer. Nous tentons de nous spécialiser dans l'analyse et les dossiers sur différents sujets, et je crois que c'est avec ce genre de couverture (à laquelle il faut ajouter, bien sûr, plusieurs événements que nous couvrons de façon spécifique, par exemple, dont le Festival Fantasia, entre autres) que nous réussirons à établir notre marque journalistique. Je crois que les gens apprécient notre professionnalisme, notre sérieux, et notre capacité à nous démarquer des grands réseaux, et c'est là-dessus que nous voulons miser.

Pieuvre.ca repose actuellement sur le bénévolat, comment comptez-vous cheminer vers la rentabilité?

Mathieu Labrie: Nous avons consulté un centre de développement et le financement est un sujet délicat quand on regarde le paysage médiatique dans son ensemble. Plus le site prend de l'ampleur, plus les opportunités publicitaires passent et plus il est évident que nous sommes sur la bonne voie. On se fait un devoir de bien analyser les offres pour le moment. Au rythme actuel, le contenu et le lectorat doublent aux 6 mois. On croit qu'éventuellement le projet pourrait s'associer en partenariat avec un groupe de médias avec qui nous partageons la vision et les valeurs. Si l'opportunité ne se présente pas, on continuera à faire ce que l'on fait de mieux et redoubler d'efforts sur l'indépendance financière du projet.

Quels sont vos modèles et pourquoi?

Mathieu Labrie: Côté émergence, dans un secteur en questionnement et en crise financière, je dirais que le Huffington Post a bien réussi sur le plan affaires.

Hugo Prévost: Personnellement, je suis accro au Devoir, et je voue un énorme respect au New York Times, au Gardian et à la BBC. J'aime aussi beaucoup le travail des journalistes de Slate et de MotherJones, qui offrent une approche différente de l'actualité et surprennent parfois leurs lecteurs tout en leur faisant découvrir des aspects inusités. Ce qui m'inspire, ce sont les journalistes qui vont plus loin que la nouvelle brève. Bien entendu, le travail pour produire des brèves est également important, mais puisque Pieuvre.ca ne dispose pas des ressources nécessaires pour égaler les capacités de Radio-Canada, de La Presse Canadienne, ou encore de Reuters et autres AFP, je crois qu'il est essentiel que l'on se concentre sur l'analyse, sur l'explication, sur le travail qui permettra aux gens de comprendre ce qui se passe, plutôt que d'en être simplement avertis.