Retour d’expédition : nos médias d’information sur les territoires du web

 

Par Malorie Gosselin

« Avons-nous véritablement saisi et intégré cette nouvelle écriture collective que constituent les « actualités 2.0 » ? Savons-nous assez capter les signaux faibles qui émanent de toutes ces « conversations » qui se développent sur Facebook, Twitter et cie ?» Martin Lessard

 

 

Par Malorie Gosselin

« Avons-nous véritablement saisi et intégré cette nouvelle écriture collective que constituent les « actualités 2.0 » ? Savons-nous assez capter les signaux faibles qui émanent de toutes ces « conversations » qui se développent sur Facebook, Twitter et cie ?» Martin Lessard

 

Comment tirer profit du mariage entre les médias de masse et ceux dits «sociaux» ? Grande question sur laquelle Projet Colombus s’est penché la semaine dernière, lors de son atelier « Actualités 2.0 : bruits, signaux et décodeurs ». Pour ceux qui n’y étaient pas, en voici un tour d’horizon, bref et non exhaustif.

 

Né il y a trois ans, le programme Projet Columbus a pour objectif de favoriser l’interdisciplinarité, le partage des expertises et les collaborations entre professionnels sur les  «nouveaux territoires narratifs», c’est-à-dire tout l’univers des possibilités pour raconter qu’offre le web . Doublé d'un service de veille assumé par l'équipe du Qui fait Quoi et du LIEN multimédia,  il propose des conférences et des formations spécialisées, présentées sous forme d’«expéditions».

 

La dernière « grande traversée » du 3 octobre dernier a réuni des experts du Web (Martin Lessard, Josée Plamondon et Sébastien Provencher) et des professionnels de l’information québécoise (Fabien Deglise du Devoir, Patrick White du Huffington Post Québec, Christian Thivierge de Radio-Canada et Fahim Moussi, de CUTV).

 

La journée a débuté par une réflexion sur l’état des lieux, animée par les experts du web et alimentée par le public. Ensuite, Fabien Deglise est monté à bord le temps d’un exposé sur le journalisme de données. Un panel de discussions avec des représentants de médias actifs sur le web a suivi. Un atelier de «cartographie» du nouvel écosystème de l’information a conclu l’expédition. La discussion entre les panelistes a servi à faire la lumière sur ce qui se fait et ce qui reste à faire sur le web.

 

Médias sociaux

Patrick White est catégorique. On ne peut pas imaginer aujourd’hui le travail d’un journaliste au Québec en 2012 sans une présence soutenue sur les médias sociaux, et pas uniquement sur Facebook et Twitter, mais aussi sur Instagram, sur Youtube, Tumblr, Reddit… «Ce serait vraiment déconnecté de la réalité et cela nuirait à la capacité du journaliste à aller chercher de l’information de première main.» Les outils de veille, comme Tweetdeck, sont désormais incontournables pour travailler. «Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les agences de presse  Presse Canadienne, Agence France Presse et Reuters qui nous alimentent, ce sont les citoyens sur le terrain, via leur tweets et leurs messages Facebook, qui le font».

 

Journalisme citoyen

Les médias doivent aussi s'adapter à l'émergence de l'information citoyenne. «Puisque le public ne veut plus de la traditionnelle relation à sens unique, les organisations de presse, surtout Radio-Canada, laquelle appartient au public, doivent être particulièrement sensibles à ce sujet», a fait valoir Christian Thivierge. Patrick White est allé jusqu’à dire que le succès réside dans les interactions avec le public. «La clé, c’est le fait qu’on réponde à tout le monde. Les gens ont l’impression de parler avec quelqu’un, que ce n’est pas un robot qui est derrière la machine du Huffington Post». Les nouvelles et les 321 blogueurs du HuffPost Québec génèrent 12 000 commentaires d’internautes par mois.

 

Aussi à utiliser : les outils du web qui servent à mettre en scène cette information citoyenne. Il en existe une panoplie. Pour l’instant, l’équipe du Huffington Post favorise la  mise en ligne rapide de vidéos, de galeries photos, mais aussi la création de galeries de conversations Twitter. Patrick White pense que le contenu multimédia est un des éléments fédérateurs autour son journal.

 

Des données pour créer de la nouvelle

Le journalisme de données gagne également à être exploré. Fabien Deglise a décrit les avantages et les contraintes actuelles de ce type de journalisme. Il a entre autres fait valoir qu’avec l’accès récent à des bases de données autrefois difficilement accessibles, le croisement d’informations brutes peut faire apparaître des possibilités infinies de portraits de société instructifs.

La révolution 2.0 offre une panoplie de nouvelles possibilités pour «créer» de la nouvelle, pour l’«harnacher» et pour agripper l’auditoire mais des ajustements sont nécessaires afin d’en exploiter le plein potentiel. «Il faut prendre des risques», clamait Sébastien Provencher.

Pour ceux qui souhaitent coloniser le web, voici, en rafale, quelques unes des autres avenues à envisager qui ont été soulevées durant la journée :

 

·         S’intéresser au code et à l’environnement dans lequel les donnée sont produites ;

·         Faire une demande fédérée aux gouvernements pour avoir accès à des données ciblées ;

·         Surtout pour les journalistes indépendants : se convertir en startup et gérer son fan club ;

·         Occuper le terrain des réseaux sociaux et discipliner sa création de contenu (publier régulièrement) ;

·         Morceler en crescendo son sujet pour créer une attente auprès du public (publier une entrevue ici, écrire un commentaire là, réactiver des archives autour du sujet, créer des évènements, etc).

 

Avis aux intéressés, la prochaine escale du Projet Colombus aura lieu le 5 décembre sous le thème «Crowdfunding». Parce que révolution 2.0 ou pas, un journaliste doit gagner sa vie. Via le web ?

À suivre sur Facebook : https://www.facebook.com/pages/Projet-Columbus-Les-nouveaux-territoires-narratifs/238954716163418

Malorie Gosselin est étudiante en journalisme à l'UQAM et stagiaire à ProjetJ.