Vaste restructuration chez Quebecor Sun Media

Quebecor met la hache dans sa chaîne de journaux Sun Media. À la veille de Noël, le conglomérat supprimera environ 400 postes à travers le pays, selon le président de la Guilde des médias du sud de l'Ontario, Paul Morse. Au Québec, le quotidien gratuit 24 heures a déjà essuyé le coup en perdant trois pupitreurs et trois photographes la semaine dernière, selon les chiffres avancés par J.

Quebecor met la hache dans sa chaîne de journaux Sun Media. À la veille de Noël, le conglomérat supprimera environ 400 postes à travers le pays, selon le président de la Guilde des médias du sud de l'Ontario, Paul Morse. Au Québec, le quotidien gratuit 24 heures a déjà essuyé le coup en perdant trois pupitreurs et trois photographes la semaine dernière, selon les chiffres avancés par J. Serge Sasseville, le vice-président aux affaires corporatives et institutionnelles chez Quebecor Media, le 22 novembre dans Le Devoir.

En réponse à nos demandes de renseignement concernant l'annonce d'hier, M.Sasseville répond: «je ne ferai pas de commentaires pour l'instant». Impossible donc de détailler les chiffres avancés hier par Paul Morse. «On parle d'environ 400 emplois, mais ce sont des chiffres approximatifs. Environs 100 mises à pied, 200 personnes qui partiraient grâce à un programme de rachats, et une centaine d'emplois qui seraient éliminés par attrition», expliquait-il à La Presse. En 2008, 600 travailleurs de Quebecor avaient également perdu leur emploi peu avant les fêtes de fin d'année.

Le groupe Sun compte 36 quotidiens payants au pays, dont deux au Québec (le Journal de Québec et le Journal de Montréal), six quotidiens gratuits sous la bannière 24 heures, mais aussi près de 200 journaux régionaux. Au Québec uniquement, l'entreprise compte 74 hebdomadaires, dont 11 lancés depuis 2010 et 15 achetés aux Hebdos Montérégiens. En lançant L'Écho de Saint-Jean-sur-Richelieu, en octobre, le groupe se targait d'avoir créé 537 emplois directs et indirects depuis 2010 dans la belle province grâce à ses publications régionales.

Impossible aujourd'hui de savoir dans quelle proportion la restructuration en cours touchera ces nouveaux postes. Nos appels auprès des syndicats sont restés sans suite. «Les employés ne savent pas du tout ce qu'il se passe», confie à ProjetJ un journaliste au pupitre récemment licencié. Sous couvert de l'anonymat, il explique que dans les journaux gratuits, la main-d'oeuvre est le plus souvent employée à temps plein à la pige. Elle travaille donc sans contrat ni protection syndicale et est complètement démunie face à un employeur qu'elle craint – d'où sa réticence à s'exprimer à visage découvert.

«On a appris qu'une structure avait été mise en place à Ottawa où serait centralisé tout le travail de prépresse, c'est-à-dire la mise en page, les corrections, etc.», rapporte le journaliste. Cette centralisation est rendue possible par l'intégration de Quark Publishing System qui permet de gérer tous les articles de l'agence interne du conglomérat, QMI, de n'importe où dans le monde, poursuit-il. Pour sa part Paul Morse parle même d'une délocalisation à l'étranger. «Ils délocaliseront le travail en prépresse, qui sera effectué en Inde», a-t-il affirmé à La Presse.

Dans Le Devoir, M.Sasseville expliquait pour sa part que «cette décision (NDLR: la suppression de postes au 24 heures de Montréal) s'explique notamment par la multiplication des gabarits préformatés qui permettront aux journalistes d'entrer leurs textes directement dans les pages du journal, réduisant ainsi les besoins en pupitreurs». Sun Media «a dû procéder à une réorganisation de ses modes de travail pour refléter l'évolution des technologies et des conditions économiques dans son industrie», justifie-t-il en citant en exemple les difficultés de Comareg, un éditeur de presse gratuite en France, qui procède lui aussi a une vaste restructuration.

Quebecor a essuyé une baisse de près de 69 pour cent de ses revenus lors de son plus récent trimestre. Les principaux responsables de ces pertes sont les trois nouvelles chaînes de télévision du groupe, Sun News, TVA Sports et Mlle toutes trois lancées en moins d'une année. Mais les médias écrits ont eux aussi coûté cher. Leurs revenus ont baissé de 1,4% et leurs profits de 23,4%. À eux seuls, les revenus des quotidiens urbains payants et gratuits ont diminué de 5,6%.

Le président des Éditions Nordiques, Paul Brisson, concurrent de Quebecor sur le marché des hebdomadaires locaux, est persuadé que le modèle de croissance à grande vitesse qu'a adopté conglomérat le mènera droit à l'échec. Comme ses collègues éditeurs indépendants réunis au sein de l'Association des journaux indépendants du Québec, il appelle la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient 45% des actions de Quebecor, a intervenir pour que le géant cesse de «dilapider» le bas de laine des Québécois.

 

Mise à jour 19h30 – le paragraphe 7 du précédent texte contient des erreurs. Nous nous en excusons. Il est plus juste d'écrire:

Quebecor a rapporté une baisse de près de 69 pour cent de ses profits nets, lors de son plus récent trimestre. Les investissements faits par la filiale Vidéotron dans le sans-fil ont coûté particulièrement cher, mais ce n'est pas tout. Le groupe a également investi dans trois nouvelles chaînes de télévisions, TVA Sports, Mlle et Sun News, ainsi que dans l'imprimé. Le contexte économique faisant diminuer les recettes publicitaires, les revenus des médias écrits ont baissé de 1,4 pour cent et leur bénéfice d'exploitation de 23,4 pour cent. À eux seuls, les revenus des quotidiens urbains payants et gratuits ont diminué de 5,6 pour cent.

 

Mise à jour 1er décembre:

Selon les informations obtenues par le directeur du Syndicat des communications d'Amérique (SCA) au Canada, Martin O'Hanlon, les journaux régionaux de l'Ontario ne seront pas touchés par la restructuration en cours chez Sun Media. Le SCA-Canada ne représentant pas de travailleurs des publications de Sun au Québec, il lui a été impossible d'en savoir plus sur les plans du groupe dans la belle province.