Le rédacteur en chef du Trente, Jonathan Trudel, a remis sa démission, pour protester contre la réduction de la publication du magazine à trois numéros par an au lieu de dix.

Le rédacteur en chef du Trente, Jonathan Trudel, a remis sa démission, pour protester contre la réduction de la publication du magazine à trois numéros par an au lieu de dix. «Je ne peux me rallier à cette décision parce que j’ai la nette impression que toutes les solutions n’ont pas été envisagées afin d’éviter le pire», écrit-il dans sa lettre au conseil d'administration.

Il explique que son adjoint, Patrick Déry, et lui-même avaient demandé avant les fêtes la tenue d’une réunion du comité de direction du magazine pour réfléchir aux mesures à prendre pour renflouer les coffres. Ils suggéraient notamment de diminuer la publication de dix à six numéros par an. Selon Jonathan Trudel, ce scénario aurait permis d’économiser environ 25 000 dollars par an, mais il n'a pas eu la chance de le présenter au Conseil d'administration.

Panne publicitaire

(correction post-publication 21/01) La FPJQ assure pour sa part avoir étudié plusieurs scénarios en fonctions de ses prévisions budgétaires globales, mais il ne lui a pas semblé possible d'éponger son déficit structurel de près de 21 000 dollars en maintenant tous ses services intactes, dont la production de dix numéros annuels de son magazine dans un marché publicitaire déprimé.

En effet, entre 2009 et 2010, le Trente a vu ses revenus publicitaires chuter drastiquement passant de 72 820 dollars à 50 055 dollars. Il a donc causé une perte de 37 980 dollars.

La chute des revenus publicitaires du Trente est donc le principal responsable de sa situation financière précaire. Cependant, elle n'est pas nouvelle. Ses revenus publicitaires sont en fait en décroissance depuis 1994 et ne devraient pas croître à moyen terme, explique le président de la FPJQ, Brian Myles. Pour y pallier, une des options serait que la fédération investisse davantage dans le magazine, ce dont elle n'a pas les moyens, insiste son président.

Brian Myles assure cependant que le Trente n'est pas sabordé pour autant. Il sera à l'avenir plus présent sur Internet pour couvrir l'actualité du journalisme et des médias au quotidien, tandis que sa version sur papier glacé sera plus réflexive qu'elle ne l'est aujourd'hui. Il n'est pas non plus exclu que le magazine renoue avec ses dix numéros annuels après la tempête. En 2003-2004, la parution du Trente avait en effet été réduite à huit numéros au lieu de dix puis avait été rétablie.

L'aide de l'État?

Dans sa lettre de démission, Jonathan Trudel demande si la fédération «a songé à solliciter une aide d’urgence à la ministre de la Culture et des Communications et ex-journaliste Christine St-Pierre». Brian Myles répond que la fédération a déjà demandé des subventions gouvernementales pour financer des études et des recherches. Cependant, selon lui, cette option n'est pas envisageable pour le Trente afin de préserver son indépendance, mais aussi pour ne pas drainer les faibles ressources de l'ensemble de l'organisme.

«Nous avons pris une décision difficile cette semaine, mais c'est la seule qui nous permette de sauver les meubles et de maintenir la fédération à flot», explique Brian Myles qui souligne qu'en plus de réduire la publication du Trente, la fédération a tronqué de 20 pour cent le salaire de son secrétaire général en poste depuis plus de vingt ans.

La question de l'aide de l'État à l'ensemble de la profession journalistique, et par la bande à la FPJQ, pourrait fort bien faire la manchette prochainement avec la publication du rapport Payette sur le journalisme et l'avenir de l'information.

Selon Le Devoir, ce rapport recommanderait l'introduction d'un titre de journaliste professionnel et seuls les médias employant des journalistes titulaires de la carte de presse auraient accès aux publicités gouvernementales. Est-ce la clef de la crise au Trente? Brian Myles refuse de se prononcer avant que le rapport n'ait officiellement été rendu public.

 

Voir aussi:

Le Trente n'échappe pas à la crise

L'État doit-il voler au secours de l'information?