SRC : de pétition à plainte et du rôle de l’info aux aménagements urbains

Lise Millette, Projet J

Les annonces de compressions à Radio-Canada continuent de générer des réactions nombreuses et des initiatives musclées. L’Association canadienne-française de l’Ontario du Grand Sudbury a notamment décidé de porter plainte au Comisssaire des langues officielles arguant que ces suppressions contreviennent à la partie 7 de la Loi sur les langues officielles parce que cette décision ne tient pas compte des besoins de la communauté.

Au même moment, sur le site AVAAZ.org, la pétition Sauvons Radio-Canada a été lancée et a récolté déjà plus de 72 000 signatures. Le site précise que le prêt demandé par la SRC «représenterait environ 6 $ par habitant ou moins de deux cents par jour pour chacun d’entre nous.»

De son côté, le chroniqueur Vincent Marissal y va de sa propre lecture, indiquant que la société d’État baigne dans les eaux troubles de la politique et que ses relations avec les parlementaires est tendue. Elle vit en effet une situation inconfortable où mordre la main qui la nourrit est son lot quotidien. Une question : «Est-ce à dire que Radio-Canada/CBC est victime aujourd’hui d’un règlement de compte? Disons seulement que personne au gouvernement ne versera de larmes sur le triste sort du diffuseur, surtout pas sur le sort des journalistes qui perdront prochainement leur job.» C’est tout dire.

Paul Cauchon, dans Le Devoir, partage une partie de l’analyse, tout en reconnaissant qu’il subsiste du «bois mort à Radio-Canada», certes, et que la SRC devra se serrer la ceinture. Le principal enjeu, cependant, est de faire en sorte de ne pas affaiblir l’institution et de lui faire perdre son caractère distinct. Difficile selon Paul Cauchon puisque déjà, le diffuseur semble se rabattre sur «des valeurs sûres, sans risque, qui vont la rapprocher encore plus des chaînes privées, en investissant moins dans le secteur jeunesse (c’est déjà commencé), moins dans les stations locales (c’est en marche), et en réduisant les budgets à l’information internationale, qui devrait pourtant être sa bannière la plus prestigieuse.»

Dans un tout autre registre, des organismes militants pour le droit au logement redoutent eux aussi les coupes à Radio-Canada, affirmant que cette restructuration pourrait affecter les projets de développement locatif et l’idée d’aménager plus de 2000 logements sur les terrains des stationnements situés près du boulevard René-Lévesque. Ils réclament de la ville de Montréal que ce projet soit jugé prioritaire.

Et pendant que la panique gagne la majorité, certains soufflent de soulagement. En Abitibi par exemple, une région qui, semble-t-il, a été épargnée. Décidément, il y en a un peu pour tout le monde!