Forts
du succès de leur site d’information RueFrontenac.com, les
journalistes en lock-out du Journal de Montréal lanceront un
hebdomadaire imprimé à la fin du mois d’octobre. Ce tabloïd de 48
pages en couleur sera distribué gratuitement tous les jeudis dans la
grande région montréalaise en complément de la version en ligne.
Il sera consacré aux reportages de fond, à l’enquête, à l’analyse
et à la chronique.
Pour
le coordonnateur de Rue Frontenac, Richard Bousquet, il s’agit
de répondre à une demande de longue date des lecteurs du site qui
souhaitent depuis longtemps tenir en main une version papier du
webzine. La nouvelle a en effet été chaleureusement accueillie sur
le site où près de 100 internautes ont envoyé un message de
soutien au projet. La majorité se dit même prête à payer pour
recevoir le nouvel hebdomadaire.
Entièrement financé par la pub
Mais,
comme le site, le journal sera gratuit et entièrement financé par la
publicité. Richard Bousquet explique d’ailleurs que son équipe
attendait d’avoir atteint la stabilité financière en ligne et
construit une crédibilité rédactionnelle avant de se lancer dans
l’aventure. Comme pour le site, c’est la régie publicitaire BV!Media
appuyée de l’équipe de vente de Rue Frontenac qui assurera
le placement publicitaire dans l’hebdomadaire.
Si l’équipe parvient à
générer assez de revenus publicitaires pour financer le
fonctionnement du site et bientôt du journal, les journalistes
demeurent pour leur part rémunérés grâce à leur fond de grève. Le
professeur Daniel Giroux de l’Université Laval souligne donc qu’on
est loin d’avoir créé un modèle d’affaires complet et viable.
Y a-t-il de la place pour un
nouvel hebdo?
Secrétaire général du
Centre d’études sur les médias et spécialiste de l’économie
médiatique, il estime par ailleurs qu’il n’y a pas de place sur le
marché montréalais pour un nouvel hebdomadaire. «La métropole est
déjà très bien desservie. Il y a beaucoup de quotidiens,
d’hebdomadaires et de magazines. De plus, la niche de l’analyse est
aussi déjà occupée par l’Actualité et par les éditions de
fin de semaine des grands quotidiens. S’il y avait une place à
occuper, un grand groupe l’aurait déjà prise.»
À l’heure actuelle, le
marché québécois de la presse hebdomadaire est dominé par
Transcontinental et l’employeur des journalistes de Rue Frontenac,
Quebecor. Transcontinental
détient près du tiers des
titres et publie un peu moins de 40% des exemplaires en circulation,
tandis que Quebecor possède 23 % des titres et contrôle 16% du
tirage total.
Un moyen de pression
avant tout
Pour Daniel Giroux, en se
lançant dans l’aventure de l’hebdomadaire, les journalistes en
lock-out se dotent avant tout d’un nouvel outil pour améliorer leur
rapport de force avec leur employeur et pour marquer l’opinion
publique. «C’est un média qui va avant tout être perçu comme
temporaire, car il devrait disparaître quand le conflit de travail
se règlera, comme Média Matin Québec avant lui.»
Ce quotidien gratuit,
édité par les travailleurs en lock-out du Journal
de Québec, avait en effet perduré pendant
les 14 mois de conflit de travail entre Quebecor à ses travailleurs
de Québec, mais n’y avait pas survécu.
À Montréal, le conflit
de travail entre le conglomérat et les 253 salariés syndiqués du
Journal de Montréal dure
depuis le 24 janvier 2009, soit 19 mois. Pour tenter de mettre un
terme au plus long conflit de travail dans un quotidien de langue
française au Canada, il y a un mois, le gouvernement a nommé Jean
Poirier à titre de médiateur spécial. Celui-ci avait également
travaillé à la résolution du conflit de Québec en 2008.
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