QUÉBEC – Après avoir ouvertement et nommément critiqué les journalistes pour leur couverture médiatique, sous la plume d’Yves Boisvert dans les colonnes de La Presse, Richard Bergeron a eu le courage de venir s’en expliquer dans un atelier du congrès de la FPJQ. Alors, hypnotisés par le charme de Mélanie Joly, les collègues?
QUÉBEC – Après avoir ouvertement et nommément critiqué les journalistes pour leur couverture médiatique, sous la plume d’Yves Boisvert dans les colonnes de La Presse, Richard Bergeron a eu le courage de venir s’en expliquer dans un atelier du congrès de la FPJQ. Alors, hypnotisés par le charme de Mélanie Joly, les collègues?
Par Hélène Roulot-Ganzmann
C’est en tout cas l’analyse qu’en fait le leader de Projet Montréal. Si Richard Bergeron prend sa part de responsabilité dans la défaite de son parti aux élections municipales montréalaises du 3 novembre dernier, il accuse les médias, document à l’appui, de ne pas lui avoir fait beaucoup de place durant la campagne.
Les chiffres compilés par Influence Communication, que celui qui est encore chef de Projet Montréal avait distribué aux journalistes avant son intervention et dont Projet J avait fait mention juste après la campagne, démontrent effectivement qu’après le second sondage, donnant Mélanie Joly en deuxième position derrière Denis Coderre, l’espace occupé par la jeune femme dans les médias québécois a explosé pour atteindre un tiers du temps d’antenne consacré à l’élection, durant la dernière semaine.
«Ma campagne a manqué d’audace, de sexy, de surprise, admet l’homme politique. Mais les journalistes se sont laissés berner par les sondage, ajoute-t-il. À aucun moment vous n’avez envisagé que Denis Coderre perde ces élections. Surtout, le charme de Mélanie Joly vous a aveuglés. Vous n’avez pas arrêté de prétendre qu’elle incarnait le renouveau en parlant de sa jeunesse. Mais êtes-vous allés voir son équipe? Il n’y a pas groupe politique plus jeune que celui de Projet Montréal. C’est juste moi qui ait l’air d’un vieux croulant là-dedans.»
Dogmatique, rêveur et autoritaire
Et d’ajouter, que ni lui, ni les deux autres candidats, tout trois des hommes, 55 ans et plus, ne pouvaient s’en prendre publiquement à Mélanie Joly sans se faire pendre dans l’heure qui suit. Alors pourquoi ne pas avoir donné ce rôle à une jeune femme possédant les mêmes atouts que la chantre du vrai changement a-t-on demandé dans l’assemblée?
«Nous aurions pu le faire, peut-être aurions-nous dû?, analyse-t-il après coup. Nous aurions pu envoyer au front quelqu’un comme Émilie Thuillier, qui en plus d’être charmante, possède une solide expérience dans les affaires municipales. Mais elle ne se sentait pas bien dans ce rôle et nous n’avons pas insisté. Marcel Côté aurait pu faire de même avec Elsie Lefebvre.»
«Mais ça n’aurait rien changé au vide de cette campagne, tempête-t-il. Tous les thèmes ont été défini par Denis Coderre. Tous les autres ont été tués dans l’œuf. Il suffisait que j’en mette un sur la table pour me faire traiter de dogmatique, de rêveur et d’autoritaire. Durant toute la campagne, les journalistes ont repris le vocabulaire de M. Coderre pour me qualifier!»
Québec et Gatineau
Même si les journalistes présents dans la salle avaient beaucoup de questions à poser à Richard Bergeron, le panel a aussi mis le focus sur la campagne électorale à Québec et Gatineau.
L’arrogance du maire Labeaume, ne s’arrêtant pas même de manger pour donner une entrevue à Infoman, a été savamment décortiquée par Valérie Gaudreau, journaliste au Soleil. Aurait-il été possible de ne pas couvrir la campagne de Régis Labeaume, demande-t-on? «Ça n’a même pas été une option, répond la spécialiste des affaires municipales dans la capitale. Labeaume est une bête médiatique et nous, journalistes, avons participé à la fabriquer… À Québec, l’enjeu était surtout de parvenir à donner la parole à l’opposition sans que ça ne bascule vers un discours anti-Labeaume.»
Contexte très différent à Gatineau, où le maire sortant, Marc Bureau, décide de faire campagne en dehors des médias, tant traditionnels que sociaux. Il refuse de parler aux journalistes, limite les points presse.
«Sa stratégie semble s’être retournée contre lui puisqu’il s’est fait battre par un Maxime Pedneaud-Jobin, omniprésent dans les médias, raconte Mathieu Bélanger, journaliste au Droit. Notre difficulté à nous a été d’assurer un équilibre entre les équipes, alors même que c’est toute l’administration Bureau qui se méfiait de nous. Autre enjeu, sortir des thèmes imposés par les candidats, alors même qu’un seul journaliste, en l’occurrence moi, couvrait la campagne.»
Courte et longue à la fois
Même discours de la part de François Cormier, journaliste à Radio-Canada, et qui n’avait que deux minutes chaque soir au téléjournal pour résumer la campagne montréalaise.
«Alors oui, nous n’avons parlé que des chefs ou presque, se justifie-t-il. Il a été décrété il y a plusieurs années que toutes les villes renouvelleraient leur conseil municipal à la même date afin de renforcer la participation. Résultat, il y a des municipalités dont nous n’avons pu parler. Et je ne parle pas des arrondissements de Montréal… alors qu’un district comme Côte-des-Neiges-Notre-Dame-des-Grâces est aussi grand que Sherbrooke ou Saguenay!»
Une campagne trop courte pour pouvoir aborder les différents enjeux, mais déjà trop longue pour intéresser le public jusqu’au bout, comme se sont accordés à le dire tous les panélistes en début d’atelier. Difficile dilemme.
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