Radio-Canada: les artisans du Web se serrent la ceinture

(deuxième version – 7/12/11 – 12h30)

La direction de l’Information d’Internet et services numériques (ISN) de Radio-Canada a annoncé à son personnel que le service fonctionnera exclusivement avec les effectifs permanents, à partir du 9 janvier. Une dizaine d'employés temporaires sont affectés par cette réorganisation du travail qui équivaut à la suppression de quatre postes et demi, selon la direction.

(deuxième version – 7/12/11 – 12h30)

La direction de l’Information d’Internet et services numériques (ISN) de Radio-Canada a annoncé à son personnel que le service fonctionnera exclusivement avec les effectifs permanents, à partir du 9 janvier. Une dizaine d'employés temporaires sont affectés par cette réorganisation du travail qui équivaut à la suppression de quatre postes et demi, selon la direction.

Pour le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC), c'est bien plus de quatre travailleurs et demi qui perdent leur gagne-pain à la veille des fêtes. «Parce qu’au fil des ans plusieurs postes vacants à l’info n’ont pas été comblés, et parce que les demandes sont toujours plus pressantes, un rapide survol nous montre qu’en tout temps, au moins une dizaine de journalistes temporaires travaillent soit à temps plein ou quatre jours/semaine sur une base régulière à ISN, et davantage encore en période de vacances ou d’affectation spéciale de permanents», explique-t-il dans une lettre à ses membres.

La direction précise pour sa part que les travailleurs temporaires touchés conserveront leur lien d'emploi avec l'entreprise et pourront donc être affectés à d'autres départements. Ils pourront également postuler aux postes nouvellement ouverts, explique le directeur des relations publiques de Radio-Canada, Marc Pichette. ISN a en effet ouvert deux nouveaux postes de journalistes et quatre postes d'édimestres contractuels à Montréal. Deux autres postes d'édimestres contractuels seront également créés en région. Il explique que Radio-Canada s'est rendu compte au cours de l'automne qu'il se dépensait trop d'argent dans ce département et a dû «revenir au cadre budgétaire initialement prévu», d'où cette réorganisation.

Mais le SCRC s'inquiète des conséquences de cette décision sur les conditions de travail des artisans. «Déjà que plusieurs se plaignent de l’augmentation régulière et de la complexité de la charge de travail, ces dernières compressions font craindre le pire», écrit-il. «Soumise à l'effet conjugué des compressions successives et des "visions" à très court terme, l'information au département d'Internet se rétrécit telle une peau de chagrin, alors qu'elle est censée en constituer le poumon, le fer de lance», poursuit le syndicat qui conclut sur une note d'inquiétude: «…et le train des compressions fédérales qui s’en vient… Joyeux Noël!!»

CBC/Radio-Canada s'apprête en effet à voir son budget réduit de 5 à 10%, en vertu de l'examen stratégique que mène Ottawa pour réduire les dépenses de tous ses ministères et agences. Comment ces compressions budgétaires se traduiront-elles sur la main d'oeuvre? Marc Pichette refuse pour le moment de s'avancer sur ce terrain. Il faudra attendre le prochain budget fédéral, probablement au printemps, pour être fixé. Comme lors des précédentes réductions de personnels, en 2008, les artisans du web devraient néanmoins être épargnés, affirme le directeur de communications, car ce service est une des trois priorités édictées par Radio-Canada dans son plan quinquennal.

Dans ce plan, Radio-Canada s'engage en effet «à étendre sa couverture régionale, à doubler son investissement sur les plateformes numériques et à offrir encore plus d'émissions originales canadiennes, dont un minimum de dix grands événements par année». Cependant, dans un communiqué émis en mars, le réseau public précise que «pour mettre en œuvre cette stratégie, la Société compte sur la stabilité de son financement».

De plus, bien que le ministre du Patrimoine, James Moore, ait plusieurs fois réitéré son attachement au diffuseur public, depuis fin octobre, quelques députés conservateurs d'arrière-ban ont déposé des pétitions réclamant de mettre fin complètement au financement public du réseau, rapporte Le Devoir en précisant qu'il s'agit d'«une pratique récente». «Depuis que les conservateurs sont au pouvoir, aucun d'entre eux n'avait présenté de tel document aux Communes pour s'en prendre au diffuseur public, avant cet automne. Entre 2006 et 2011, seuls des libéraux et des néodémocrates ont soulevé la question du sort de Radio-Canada», explique le journal. Cette pratique a commencé alors que la guerre entre Radio-Canada et Quebecor faisait rage au Parlement.

 

Voir aussi:

CBC/Radio-Canada: réductions budgétaires en vue