“A quoi sert un journaliste ?” par Alain Girard

Premier Secrétaire général
du Syndicat national des journalistes |

A quoi sert un journaliste ? Les réponses ne manquent pas : décrypter le monde ; informer le citoyen et lui permettre de se faire une opinion ; rechercher et dire les choses tues ; apporter un éclairage sur la conduite des politiques publiques et les conséquences des initiatives privées ; alerter la société sur les dangers qui la menacent et souligner les mouvements qui la font grandir…

Ayant choisi d’y faire toute ma carrière, je m’arrêterai toutefois sur le rôle particulier de la presse « de proximité », et donc du journaliste « localier » : contribuer à faire vivre ces piliers de la démocratie que sont la liberté d’expression et l’égalité entre les citoyens, jusque dans les plus petits recoins du territoire. Le journalisme ne doit pas, en effet, se limiter aux faits majeurs et aux discours dominants. La profession, dans sa diversité, se doit d’être à l’écoute des mouvements d’opinion les plus divers, de mettre en perspective tous les événements, grands et petits, de se faire l’écho des interrogations et des initiatives citoyennes, jusqu’aux plus modestes.

Combien de fois ai-je entendu cet appel : « Si vous ne nous écoutez pas, ne venez pas voir ce que nous faisons, et ne parlez pas de nous, nous n’existons pas ! » Un constat qui se multiplie alors que les concentrations dans les groupes de presse – et les stratégies multisupports qui les sous-tendent – créent, en bien des régions, des situations de monopole quasi-total de l’information.

Ceci dit, l’exercice est moins simple qu’il n’y paraît. Parce que la proximité, c’est aussi une difficulté accrue à rester lucide et impartial vis-à-vis des faits et des gens. C’est un équilibre encore plus délicat à trouver entre éloge sans connivence et analyse critique sans dénigrement.

Contrairement à certaines idées reçues, il n’y a pas de « petite » information. Là comme ailleurs, rigueur et déontologie sont des conditions essentielles à l’exercice du journalisme. Une évidence trop souvent oubliée dans un secteur où l’on a tendance à se montrer peu regardant sur le pluralisme, la qualité de l’information, le respect du statut, la formation initiale et… le rôle du journaliste.

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