Qualité de l’information, le rôle de l’État?

L’État
doit-il intervenir pour sauver le journalisme? C’est du moins ce que considère
le célèbre journaliste de CBS News Dan Rather qui a demandé au président Barack
Obama de former une commission sur le journalisme et les médias. Sa requête, formulée en
juin 2009, a été déboutée. Ailleurs dans le monde, toutefois, la situation est
tout autre.

En
France, le gouvernement subventionne, en quelque sorte, les journalistes
directement en leur offrant des mesures fiscales. Il est intéressant de
comprendre en quelles circonstances s’est amorcé ce mouvement dans les années
1930. Le syndicat national des journalistes résume ainsi :

“Des
dispositions sont nées de l’impossibilité de négocier avec l’ensemble des
organisations patronales la couverture des frais professionnels et/ou des
salaires décents pour les journalistes. Un temps revu à la baisse, cet avantage
fiscal a été restauré après la Guerre afin de favoriser, dans un pays et une
démocratie à reconstruire, le redémarrage d’une presse libre en permettant aux
entreprises exsangues de recruter des journalistes en nombre, à moindre
coût.”

Cet
abattement fiscal a atteint 30 pour cent, a été plafonné dans les années 1970
et a graduellement diminué avant de disparaître au début des années 2000. Il a
depuis été remplacé par une allocation pour frais d’emploi qui permet aux
professionnels qui détiennent une carte de presse de diminuer le montant de
leurs revenus imposés de 7650 euros (environ 11 700$).

Plus
récemment, alors que prenaient fin les Assises du Journalisme à Strasbourg, le ministre de la Culture
et de la Communication, Frédéric Mitterand, a annoncé l’octroi de 18 millions
d’euros (environ 27,6 millions $) pour la formation des journalistes. Lors
d’une vidéoconférence diffusée lors d’une soirée de remise de prix, il est allé
jusqu’à dire qu’il exprimait ainsi “la solidarité des pouvoirs publics”  à l’égard des difficultés de la presse.

Alors
qu’en France le rôle de l’État est un fait accompli, ici la question chemine
dans les cercles médiatiques. L’idée de consentir à un allègement fiscal pour
les entreprises de presse est une solution qui semble accessible et surtout
possible de réclamer à l’Etat. L’enjeu sera alors, dans ce cas, de déterminer
ce qu’est exactement une entreprise de presse.
La subvention
directe pour les effectifs est une autre avenue qui devra toutefois considérer
l’ensemble des forces vives, non seulement des employés permanents, mais
également des surnuméraires (permanents ou temporaires) et des journalistes
indépendants. La délivrance de certains avantages selon la possession d’une
carte de presse pourrait aussi être considérée, à condition de s’entendre sur
une définition de l’activité journalistique.

Quant à
savoir si une intervention de l’État pourrait se traduire par une diminution de
la qualité de presse ou sur une mainmise de l’information, force est d’admettre
que ce type de participation existe déjà. Radio-Canada bénéficie des fonds
publics pour une importante partie de ses activités, ce qui ne mine pas la
qualité de ses productions. Le problème se situe peut-être au chapitre de la
dépendance à l’égard de cet apport public aux activités. En fait, pour ne pas
affecter le milieu, le soutien gouvernemental doit sans doute demeurer un
élément d’appoint et non des subventions directes qui, lorsqu’elles
disparaissent ou diminuent, se traduisent par une amputation inévitable des
effectifs.