Faire mieux connaitre le Conseil de presse, redorer le blason du métier de journaliste auprès du public, notamment des jeunes, et faire revenir Québecor au sein de cet organisme d’autorégulation, voilà quelques-uns des défis que la nouvelle présidente du CPQ souhaite relever durant son mandat.

Faire mieux connaitre le Conseil de presse, redorer le blason du métier de journaliste auprès du public, notamment des jeunes, et faire revenir Québecor au sein de cet organisme d’autorégulation, voilà quelques-uns des défis que la nouvelle présidente du CPQ souhaite relever durant son mandat.

Propos recueillis par Hélène Roulot-Ganzmann

Pourquoi avez-vous décidé de vous porter candidate à la présidence du Conseil de presse?

Depuis sa création en 1973, j’ai toujours appuyé le Conseil. C’est une institution qui est essentielle en démocratie parce que je considère que des citoyens bien informés sont des citoyens libres et en mesure de prendre des décisions. Nous avons tous droit à une information de qualité, honnête, véridique, respectueuse des valeurs qui guident les journalistes, la plus objective possible. J’ai beau m’être retirée depuis quelques années, ma passion pour l’information est toujours vivace. La présidence du Conseil, c’est un poste qui me permet à la fois de profiter de ma retraite puisqu’il s’agit d’un temps partiel, tout en comblant mon désir d’œuvrer en faveur de la liberté de la presse.

Et depuis sa création, vous trouvez que le Conseil de presse parvient bien à remplir cette tâche?

Avec des hauts et des bas, souvent liés à ses finances. Mais bon an, mal an, il répond quand même aux plaintes qu’il reçoit des trois milieux qui le composent, le public, les médias et les journalistes. Là où, faute de moyens, il a de la difficulté, c’est sur la formation aux médias. Le public, même jeune, même dans les écoles primaires et secondaires, a de forts préjugés envers les médias, l’information, le métier de journaliste. L’idée que les médias sont des menteurs et les journalistes, à la solde des propriétaires de presse qui font écrire dans leurs organes ce qui va dans le sens de leurs intérêts, est véhiculée par certains enseignants. Nous devons nous concerter avec les autres acteurs du milieu, pour que cela cesse.

Voilà donc un des dossiers que vous avez sur la table… quels sont les autres?

Effectivement, la formation est un des grands dossiers que je souhaite porter, car c’est devenu primordial aujourd’hui, avec l’arrivée de l’internet et des médias sociaux. Les gens doivent pouvoir faire la différence entre une information traitée par un journaliste, donc vérifiée, et tout ce qui se promène de rumeurs et de préjugés répétés qui ne disent jamais leur source. Outre cela, je vais reprendre à mon compte la révision du code déontologique. Sa dernière mise à jour date de 2003 et il a besoin qu’on tienne compte des changements qui sont survenus depuis dans le métier. J’aimerais aussi que le Conseil de presse soit mieux connu du public, mais aussi des médias et des journalistes. En quarante ans, les générations changent et il faut sans cesse rappeler les objectifs d’une telle institution et rendre son existence évidente. Enfin, je souhaite ramener au Conseil les entreprises qui l’ont quitté.

C’était aussi l’ambition de votre prédécesseur, John Gomery…

Peut-être que, ne venant pas du milieu journalistique, il n’avait pas les contacts nécessaires pour arriver à ses fins. C’est essentiel que tous les joueurs soient autour de la table et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que Québecor et Radio Nord acceptent d’y siéger de nouveau, au même titre que toutes les autres entreprises médiatiques.

À propos de Québecor, quelle est votre position de présidente concernant la convergence et la concentration? En plein lock-out au JDM, vous aviez écrit une chronique expliquant en quoi ces phénomènes pouvaient être néfastes pour la liberté d’informer…

Le Conseil de presse n’est pas là pour discuter les décisions d’affaires que prennent les patrons de presse. Nous pouvons cependant participer à des débats de société sur le sujet et sortir lorsque nous considérons qu’il y a danger pour la qualité de l’information. Nous ne pourrons pas empêcher un mouvement qui a démarré il y a une quinzaine d’années maintenant, mais nous devons rappeler que l’information n’est pas une marchandise, et protéger le métier de journaliste.

Il y a quelques années, vous confiiez à ProjetJ que vous aviez peur pour l’avenir de la presse écrite. Est-ce toujours le cas?

J’ai toujours peur pour le support papier, oui, et la confirmation par les frères Desmarais la semaine dernière qu’à terme, La Presse était vouée à disparaitre, ne vient pas me rassurer. J’ai fait toute ma carrière dans le papier. J’en ai un attachement profond. Peut-être que si j’étais née avec les médias électroniques, je réagirais autrement. D’ailleurs, depuis que j’ai une tablette, je lis La Presse+ et je trouve ça extraordinaire. Je suis triste de penser que le papier disparaisse un jour. Mais je suis soulagée de voir que si les techniques de diffusion change, le métier lui, reste bien vivant.

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