Hervé Ghesquière
et Stéphane Taponier, deux journalistes de France 3, ont été
libérés aujourd’hui, 18 mois jour pour jour après leur enlèvement
en Afghanistan. Leur fixer, Reza Din, a également été relâché.

Cette prise
d’otage est la plus longue qu’ait connue la classe journalistique
française depuis la crise des otages au Liban, dans les années
1980. Capturés en décembre 2009 dans la province de Kapisa, dans
l’est du pays, l’équipe tournait un reportage pour le magazine
d’investigation Pièces à conviction. La dernière preuve de vie, un
enregistrement vidéo, datait de novembre dernier.

L’annonce de
cette libération a été faite alors même qu’un rassemblement pour
les 550 jours de captivité de l’équipe débutait à Paris.
Présidente du comité de soutien aux deux hommes, la journaliste
Florence Aubenas, qui a elle-même été otage en Irak pendant 5
mois, a accordé une interview à France 24 quelques minutes après
la divulgation de la nouvelle:


Le ministre
français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a assuré par voie
de communiqué que pendant toute la durée de la captivité des deux
hommes, la France n’a «jamais cessé d’agir pour obtenir leur
libération». Il ne donne cependant pas de détails sur les
conditions de la libération, notamment sur le versement d’une
éventuelle rançon.

Reporters Sans
Frontières (RSF) salue les efforts des gouvernements français et
afghans qui ont permis, grâce à la négociation, la libération des
deux journalistes et de leur accompagnateur. Une délégation de
l’organisation de défense de la liberté de presse revient
d’ailleurs tout juste de Kaboul où elle s’était rendue s’enquérir
de la situation des otages, la semaine dernière.

Bien qu’Hervé
Ghesquière et Stéphane Taponier étaient les seuls journalistes
otages en Afghanistan en ce moment, RSF souligne que ce pays demeure un des les
plus dangereux au monde pour les professionnels de l’information
autant locaux qu’étrangers. Une quinzaine de reporters y ont été
enlevés par des groupes mafieux ou insurgés depuis 2009. Le trafic
d’otages y est devenu monnaie courante.

Les talibans
retiennent d’ailleurs un citoyen canadien originaire de la région de
Toronto. Porté disparu depuis février, Colin Rutherford a fait
l’objet de peu d’attention médiatique et le gouvernement canadien
n’a publié qu’un laconique communiqué indiquant qu’il travaillait à
la libération du jeune homme avec les autorités afghanes. Le
journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer, enlevé en Côte
d’Ivoire en 2004, n’a pour sa part jamais été retrouvé.

Voir aussi:

Afghanistan: journalistes otages depuis 252 jours

GAK: le franco-canadien qui dérangeait en Côte d’Ivoire