La
journaliste Nancy Thomson de CBC à Whitehorse pourra continuer de
protéger l’anonymat de ses sources. Le journal Yukon
News

ne l’obligera finalement pas à dévoiler l’identité
des personnes qui ont témoigné dans le cadre d’une enquête qu’elle
a menée en 2004 dans
le Nord du Yukon.

Cette enquête, réalisée avec la
collaboration d’une dizaine de contacts, a permis de lever le voile
sur l’abus d’alcool et
de médicaments sous ordonnance dans la petite communauté de Watson
Lake. Le Yukon
News

a encensé cette enquête dans un éditorial. Cependant, ceci lui a
valu une poursuite en diffamation de la part de l’unique pharmacien
de la communauté, le Dr
Seczerbegovitch.

Pour
se défendre, le journal a demandé à Nancy Thomson de dévoiler ses
sources devant la justice. En cas de refus, elle risquait d’être
accusée d’outrage au tribunal. L’organisme Canadian
Journalists for Free Expression s’est désolé de cette démarche.
«C’est malheureux qu’un média tente de forcer une journaliste à
dévoiler ses sources», a déclaré le porte-parole du regroupement,
Arnold Amber.

L’affaire
devait faire l’objet d’une audience au palais de justice de
Whitehorse hier, mais les avocats du Yukon
News

et de la CBC ont finalement conclu une entente à l’amiable au cours de la fin de semaine. Selon ce
contrat, Nancy Thomson n’aura pas à divulguer l’identité de ses
sources. Toutefois, elle pourrait être appelée à témoigner lors
du procès opposant le journal au Dr Seczerbegovitch au mois de mai.

Malgré
les multiples demandes des associations de défense des journalistes,
dont Reporters sans Frontières et la Fédération professionnelle
des journalistes du Québec, la protection des sources n’est pas
garantie au Canada. Une législation qui handicape le travail
d’enquête, comme le souligne Arnold
Amber par voie de communiqué:
«Il est très difficile de pratiquer le journalisme d’enquête
lorsque les gens, qui dénoncent des actes répréhensibles,
craignent que les journalistes dévoilent leur identité».

La
Cour suprême reconnaît que les sources anonymes doivent bénéficier
d’une certaine forme de protection juridique. Toutefois, le droit de
les protéger est à déterminer au cas par cas. Pour obliger un
journaliste à dévoiler ses sources, la justice doit se demander si
la confidentialité était convenue d’avance et si le secret est
essentiel. Elle doit aussi déterminer si l’intérêt public de
protéger l’identité d’une source est plus fort que l’intérêt
public à en connaître l’identité.

Voir aussi:

Confidentialité des sources: un principe à concrétiser

Protection des sources: MaChouette reste secrète