Réunis en congrès en fin de semaine
dernière, les jeunes libéraux ont réclamé l’instauration d’un
statut professionnel pour les journalistes. En 2002, la Fédération
professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) avait déjà
proposé l’idée à ses membres, mais avait été sanctionnée d’un
avis de non-recevoir catégorique.

Le spectre de l’ingérence de l’État

Il y a huit ans, les journalistes avaient rejeté la proposition de leur
fédération
, car ils craignaient principalement l’ingérence de
l’État dans leur profession. «L’accès au journalisme ne doit pas
être limité. On n’en est pas là, mais dans trop de pays, les seuls
journalistes qu’on retrouve sont des amis du pouvoir», déclarait
Jean Dussault, qui animait alors La Tribune du Québec à
l’antenne de Radio-Canada.

Pour Claude Robillard, le secrétaire
général de la FPJQ, les opposants au projet l’avaient mal compris.
«Il n’a jamais été question que ce soit l’État qui règlemente la
profession. Ce que nous demandions c’est que le gouvernement donne le
pouvoir à la fédération de s’autorèglementer. C’est la fédération
qui aurait décerné les titres de journalistes professionnels en
fonction de normes établies par elle seule en conformité avec la
volonté de ses membres, comme le fait le Barreau pour les avocats»,
explique-t-il.

Il admet cependant que la Fédération
a une grande part de responsabilité dans cette incompréhension: «Ça
a été un flop de communication total. Le projet de loi n’a été
prêt et publié que trois semaine avant le Congrès qui devait le
porter au vote. Nous n’avons pas eu le temps de l’expliquer et de
corriger les incompréhensions.»

À la rescousse des conditions de
travail et de l’intérêt public

Huit ans plus tard, le président de
l’Association des journalistes indépendants (AJIQ), Nicolas
Langelier
, appuie la proposition des jeunes libéraux, car elle
améliorerait les conditions de travail des journalistes en
instaurant des conditions minimales d’emploi. Un aspect qui
pousserait plusieurs journalistes à adopter l’idée, selon Claude
Robillard, car «au cours des dernières années la précarité a
augmenté au sein de la profession».

Néanmoins, Claude Robillard estime que
la question des conditions de travail et de la rémunération ne doit
pas être au centre du débat, car dans ce cas ni l’État ni
l’opinion publique n’appuieraient la création d’un statut
professionnel pour les journalistes. «Il faut avant tout parler
d’intérêt public, pour que tous comprennent qu’un titre de
journaliste professionnel serait soumis à un Code de déontologie
protégeant la qualité de l’information et le droit du public à
l’information».

La Fédération compte relancer le
débat lors de son congrès annuel en novembre, et procéder à
divers sondages et opérations de communication dans le but de
réparer l’échec de 2002. Elle attend également avec intérêt
l’avis du Groupe de travail sur le journalisme et l’avenir de
l’information au Québec. Mandaté par le ministère de la Culture et
des Communications, ce comité doit remettre son rapport en décembre.

À vous la parole

Pour le président de la Commission Jeunesse du Parti libéral du Québec, l’octroi d’un statut de journaliste professionnel permettrait de mieux protéger l’indépendance des journalistes et servirait l’intérêt public. Qu’en pensez-vous?