Les médias régionaux démunis devant le multimédia

Pierre-Marc René, journaliste indépendant |

L’avènement du multimédia dans les médias nationaux a poussé les hebdos régionaux à développer leur site Internet pour que la population locale puisse avoir un meilleur accès à l’information. Tant Quebecor que Transcontinental ont regroupé leurs journaux locaux sur un même portail web, alors que d’autres médias s’associent pour devenir des agences régionales d’informations.

 

C’est le cas du portail Médiasud, sur la Rive-Sud de Montréal, qui rassemble les activités de la radio communautaire FM 103,3 et du journal communautaire Point-Sud. Bien que les deux médias jouissent d’une ligne éditoriale indépendante, les équipes de travail ont été mises en commun pour réunir leurs produits sur une même plate-forme web. Des extraits vidéos et un cyberjournal hebdomadaire viennent agrémenter le site.

 

Carl Boisvert, premier journaliste embauché pour ce projet, se dit convaincu du bien fondé du projet Médiasud, mais il avoue que la charge de travail est très prenante. L’équipe étant considérablement réduite, le journaliste doit couvrir plusieurs événements dans une journée, écrire les textes pour ses topos, s’enregistrer, faire le montage, mettre les topos dans le système et ensuite le mettre en ligne, puis faire une version longue de ses textes pour le web. « C’est une deuxième vie qu’on donne à la nouvelle grâce à médiasud.ca, mais en la mettant sur Internet, il faut l’adapter. Le ton n’est pas le même sur web, le texte non plus d’ailleurs. Et lorsqu’on lui ajoute une vidéo, il faut tenir compte de l’image. Le portail ajoute une autre dimension à la nouvelle et au travail que l’on fait.»

 

Du côté du Courrier Laval, un hebdo de Transcontinental, la journaliste Nathalie Villeneuve estime que le saut vers le web est presque une obligation devant les problèmes économiques qui planent sur les médias imprimés présentement. « Le problème est qu’avec le web,  les hebdos deviennent des quotidiens. Il doit constamment actualiser nos informations. Il faut créer un effet d’instantanéité et une rapidité des mises à jour pour que le lecteur s’identifie à son média local. Sauf que cela nous donne moins de temps et moins de possibilités pour faire des dossiers et fouiller nos informations ! Les hebdos sont pourtant le lien pour rejoindre la communauté locale et on est en train de perdre ce lien de proximité », déplore la journaliste.

 

L’avenir du journalisme

 

Tous s’entendent pour dire que le multimédia est l’avenir du journalisme. « Je le dis et le répète à mes étudiants. Il faut qu’ils soient flexibles et qu’ils développent les aptitudes pour chaque plate-forme parce que très bientôt ce sera une norme d’embauche. Mais il faut quand même trouver une limite. On ne peut pas tout faire », explique Jean-Hugues Roy.

 

« On est d’accord avec le multimédia, mais on doit le baliser et mettre des limites sinon on perdra notre crédibilité », conclut Nathalie Villeneuve.