Les médias indépendants ont le vent dans les voiles

Jooneed Khan, La Presse

«Pendant la guerre froide, les médias occidentaux ont misé sur le pluralisme et la liberté d’expression pour se démarquer des médias totalitaires des pays de l’Est. C’était bien. Mais depuis que l’Occident a gagné la guerre froide, nos médias s’uniformisent et refusent de plus en plus toute dissidence. Ça, c’est grave», a-t-il déclaré.

«Phil Donahue était l’une des rares voix à remettre en question la poussée vers l’invasion de l’Irak. Il a été viré par MSNBC en 2003. Greg Dyke a été viré par la BBC en 2004 pour avoir accusé le cabinet Blair d’avoir exagéré les arguments en faveur de la guerre. Les grands médias, dont le New York Times, ont admis qu’ils avaient grossi les mensonges officiels. Mais ils continuent de marginaliser la dissidence», déplore Tariq Ali.
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«Nos grands médias font fortune avec les crises et les catastrophes. Fox News a eu jusqu’à sept millions de téléspectateurs grâce à la crise nucléaire avec la Corée du Nord et à la guerre du Liban en 2006. Mais alors que sa cote est tombée à un million, celle de CNN est passée sous le million et celle de MSNBC tourne autour de 500 000», a-t-il noté.

«Nos grands médias sont déphasés par rapport aux préoccupations citoyennes. Otages de leur discours va-t-en-guerre, ils feignent d’ignorer qu’une majorité d’États-Uniens et de Britanniques sont contre la guerre en Irak», a-t-il dit.

«Avec le chaos en Afghanistan et au Pakistan, qui nous coûte de plus en plus cher, les citoyens se tournent vers des médias alternatifs comme Democracy Now, les médias communautaires et l’internet», a affirmé Tariq Ali.