Dans une tribune publiée ce matin par l’ensemble des médias québécois, la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) plaide pour un Québec transparent. De son côté, l’Association des journalistes indépendants (AJIQ) réitère sa demande historique, soit l’adoption d’une loi sur la négociation collective.
Par Hélène Roulot-Ganzmann
Dans une tribune publiée ce matin par l’ensemble des médias québécois, la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) plaide pour un Québec transparent. De son côté, l’Association des journalistes indépendants (AJIQ) réitère sa demande historique, soit l’adoption d’une loi sur la négociation collective.
Par Hélène Roulot-Ganzmann
«Nous avons décidé de profiter de la campagne pour essayer de faire valoir des thèmes que nous défendons avec énormément de vigueur, à savoir l’accès à l’information, les communications gouvernementales et la démocratie municipale, explique Pierre Craig, président de la FPJQ. Et je me rends compte, avec la réponse des collègues, qu’on tombe pile sur ce que les journalistes ont envie de dire. Comme si c’était le moment de dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas depuis trop longtemps. Et par notre canal, il y a un bon moyen d’interpeller les politiciens.»
Ainsi, comme le 29 janvier dernier, alors que la FPJQ avait fait paraitre un texte dénonçant les entraves au travail journalistique dans le monde municipal, tous les principaux médias québécois ont accepté de publier ce matin cette tribune qui invective les chefs de partis, leur demandant ce qu’ils s’attèleront à faire, une fois au pouvoir, en matière d’accès à l’information, de transparence et de démocratie municipale. Une vidéo reprenant les principaux arguments tourne également depuis ce matin sur les réseaux sociaux.
Coup de couteau dans la démocratie
La tribune dénonce ainsi à la fois une loi sur l’accès à l’information qui ne ferait en réalité que bloquer les demandes, selon le propre aveu du ministre Drainville à en croire M. Craig, l’opacité de plus en plus grande des différents gouvernements successifs, le dernier élément en date étant le refus de la première ministre Pauline Marois de répondre aux questions des journalistes le jour du déclenchement des élections, et le manque de démocratie dont font preuve les maires et leurs conseillers en se comportant comme des roitelets, dans de trop nombreuses municipalités du Québec.
«Mais c’est comme s’il y avait un désintérêt total pour ces questions, quel que soit le parti, regrette le président de la FPJQ. La loi sur l’accès à l’information doit être révisée tous les cinq ans, il y a eu une commission parlementaire sur le sujet au printemps dernier, nous y avons déposé un mémoire. Il aurait au moins dû y avoir un rapport. Or, rien. C’est très dangereux. Nous, journalistes, sommes des citoyens payés pour renseigner nos concitoyens. Lorsqu’on nous refuse l’accès à l’information, c’est un coup de couteau dans la démocratie. Or, demandez aux équipe de l’émission Enquête, au bureau d’investigation de QMI, à La Presse, etc., si tous les scoops qu’ils ont remontés et qui ont mené à la Commission Charbonneau, ils les ont trouvés via la loi sur l’accès à l’information. Il y a de grandes chances qu’ils rigolent.»
Une situation d’autant plus incompréhensible que l’on compte, dans les différents caucus, nombre d’ex-journalistes.
«Il faudrait qu’ils se souviennent…», lâche Pierre Craig, visiblement désabusé.
Commission parlementaire sur le journalisme indépendant?
Même constat de la part de Mariève Paradis, présidente sortante de l’AJIQ. Elle rappelle notamment que c’est Christine Saint-Pierre, ex-journaliste et à l’époque ministre libérale de la culture et des communications, qui a décidé de ne pas retenir la deuxième recommandation du rapport que lui avait remis Dominique Payette, ex-journaliste elle aussi, et aujourd’hui candidate péquiste, à savoir la négociation collective sur le modèle de ce dont jouissent les artistes. Alors oui, il y a des ex-journalistes dans chacun des camps, des gens qui connaissent bien notre milieu, nos maux et qui sont à l’écoute, concède-t-elle, avant d’ajouter que ça ne signifie pas qu’il y ait une volonté d’action.
«J’ai lu la tribune de la FPJQ ce matin et ce sont des batailles nobles que nous appuyons, affirme celle qui laissera son fauteuil de présidente mercredi. Mais nous, à l’AJIQ, nous allons continuer à nous battre pour la négociation collective, et dans un premier temps, pour la mise en place d’une commission parlementaire pour discuter du journalisme indépendant. Nous avions eu de bons retours ces derniers temps, mais depuis, nous avons vraiment l’impression que ça nous a glissé des mains dans la dernière année.»
En entrevue dans le journal coopératif Ensemble paru le mois dernier, le ministre de la culture et des communications Maka Kotto affirmait qu’il en voulait lui aussi de cette commission parlementaire.
Péladeau vs Payette
«Mais qui sera au pouvoir le 8 avril?, questionne Mariève Paradis. Et même si c’est le PQ, il y a un nouveau joueur en la personne de Pierre-Karl Péladeau… est-ce que le parti va accepter de se pencher là-dessus? Alors oui, d’un autre côté, nous avons Dominique Payette, qui s’est toujours montrée très ouverte à nos problèmes, mais d’abord elle est candidate dans un comté qui vote traditionnellement à droite, et ensuite, même si elle se fait élire, ne va-t-on pas lui demander de rentrer dans le rang?»
Mariève Paradis fera mercredi, à l’occasion de l’Assemblé générale annuelle de l’AJIQ, le bilan officiel de sa présidence, et elle publiera pour l’occasion, ses principales recommandations. Ce sera ensuite à son successeur de reprendre le flambeau. Mais gageons que nous entendrons encore parler souvent de la négociation collective. Comme du reste, d’accès à l’information, de transparence gouvernementale et de démocratie municipale.
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