Les agences de presse au bord du gouffre

Pour réduire leurs frais, des journaux américains ont commencé à délaisser les services des agences de presse. Cette situation n’a pas encore atteint le seuil d’une tendance lourde, mais Associated Press a déjà réagi, en tentant d’abaisser le coût de son abonnement.

Le groupe Tribune Co., qui publie le Chicago Tribune et le Los Angeles Times, a notamment envisagé, entre autres, de devenir client de Reuters et de l’Agence France-Presse, qui représentent une offre plus avantageuse aux États-Unis, selon ce que rapporte le journal Le Monde.

Derrière la mécanique comptable se cache une autre réalité : la dépêche d’agence ne convient plus à tout le monde à l’heure de la concurrence, particulièrement du côté des journaux. Pour survivre, les experts médias ne cessent de redire que l’imprimé devra se démarquer et faire en sorte de devenir une niche. Pour ce faire, certaines directions entendent désormais capitaliser sur les reportages uniques et non des dépêches disponibles pour tous, qui ne les différencieront pas de la compétition. Cet autre calcul se veut beaucoup plus stratégique.

Cela dit, quitter les agences de presse implique aussi de faire des choix de couverture, puisque la capacité à ratisser tout ce qui se passe finit par atteindre, inévitablement, les limites des ressources humaines. Pour fournir toute l’information aux lecteurs, il importe d’y avoir accès et souvent, cette faculté d’avoir des antennes et des entrées revient aux agences de presse.

Une formule hybride risque donc de cohabiter ou encore une scission s’effectuera pour marquer un passage difficile vers ce que seront les quotidiens de demain. À ce chapitre cependant, les croquis ne sont pas encore prêts à quitter la planche à dessin.