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Le Monde
est un vieux, un glorieux navire dans la tempête. Une des figures de
proue du journalisme de ces soixante dernières années, en Europe et
ailleurs. Mais il a de plus en plus de mal à surmonter les difficultés
économiques qui l’affligent depuis longtemps. Et, dans la longue crise
du quotidien parisien, il est difficile de ne pas voir le risque d’un
naufrage. Non pas un naufrage du journal, insubmersible et destiné à
rester un grand organe de presse. Mais de la formule éditoriale qui
fait sa singularité, longtemps enviée par beaucoup de gens du métier.
Une formule désormais unique, sans doute, dans le panorama de la presse
quotidienne européenne à grande diffusion. Sa noble singularité réside
dans la Société des rédacteurs du Monde (SRM), qui représente
l’ensemble des journalistes du quotidien et qui en est l’actionnaire
principal, avec droit de blocage sur les décisions de la Société
éditrice du Monde (SEM) et de veto sur la nomination du directeur. En somme, les journalistes sont les “patrons” du journal.