Le dernier voyage de Tiziano Terzani

Robert Solé, Le Monde|

Le passé ? Il n’existe pas : “ce sont des mémoires qu’on accumule, qu’on ordonne et qu’on falsifie”. Le futur n’a pas plus de réalité : “c’est une boîte remplie d’illusions, une boîte vide. Qui te dit qu’elle se remplira ?” Non, Folco, la seule chose vraie est l’instant présent. “Vis maintenant !”

L’homme qui parle a 66 ans, il est atteint d’un cancer incurable et sait qu’il va bientôt “quitter son corps”. Retiré sur les collines au-dessus de Florence, Tiziano Terzani propose à son fils Folco, 35 ans, de s’entretenir avec lui tous les week-ends : “Tu me poserais les questions que tu as toujours voulu me poser, et moi je te répondrais à bâtons rompus sur tout ce qui me tient à coeur.” Ce livre posthume, mis en forme par le fils, est un magnifique exercice de sincérité. C’est le parcours d’un infatigable globe-trotter du journalisme italien, parti chercher “les autres” en Asie, pour finir par se trouver lui-même.

Tiziano Terzani est né en 1938, à Florence, dans une modeste famille ouvrière. Le dimanche, dit-il, “j’allais regarder les riches manger une glace”. Il réussit quand même à faire des études supérieures et, jeune marié, se retrouve à la direction du personnel d’Olivetti. Mais avec des velléités politiques, et le désir de “changer la société”.