Le débat des chefs: «une responsabilité immense» pour les animateurs

Sébastien Bovet et Anne-Marie Dussault animeront demain soir le débat des chefs diffusé par un consortium composé de Radio-Canada et de Télé-Québec. Tout deux ont accepté de révéler à ProjetJ comment ils se préparent pour cet exercice qu’ils jugent déterminant pour l’issue du vote. Une affectation dont ils mesurent toute la responsabilité.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Nervosité, pression, honneur et fierté, voilà l’état d’esprit des deux animateurs à l’idée d’animer le débat des chefs de demain soir.

Sébastien Bovet et Anne-Marie Dussault animeront demain soir le débat des chefs diffusé par un consortium composé de Radio-Canada et de Télé-Québec. Tout deux ont accepté de révéler à ProjetJ comment ils se préparent pour cet exercice qu’ils jugent déterminant pour l’issue du vote. Une affectation dont ils mesurent toute la responsabilité.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Nervosité, pression, honneur et fierté, voilà l’état d’esprit des deux animateurs à l’idée d’animer le débat des chefs de demain soir.

«C’est un des points marquants d’une campagne électorale, estime Sébastien Bovet, chef du bureau parlementaire de Radio-Canada à l’Assemblée nationale à Québec et qui aimera pour l’occasion son tout premier débat après en avoir regardé et commenté de nombreux autres. On a l’impression d’avoir une immense montagne devant soi et de devoir la gravir jusqu’au débat pour bien faire les choses et être pertinents. Il y a un mélange d’anxiété et de fierté.»

«Il y a énormément de stress qui s’accapare de nous parce que la responsabilité est immense, ajoute Anne-Marie Dussault, animatrice de 24 heures en 60 minutes tous les soirs de la semaine à l’antenne de RDI et qui conduira pour sa part son quatrième débat. Cette responsabilité est inversement proportionnelle au nombre de questions que nous aurons à poser.»

La formule sera la même que lors du dernier débat de 2012 et elle a été négociée avec les chefs pour respecter leur volonté de débattre entre eux. Les discussions s’articuleront autour de quatre grands thèmes, à savoir les enjeux économiques (emploi, richesses naturelles, environnement), le filet social (santé, éducation, garderies, personnes âgées), la gouvernance (finances publiques et intégrité) et la question nationale et l’identité. Discussions qui seront lancées par une question et une relance savamment mises au point par les deux animateurs. Et c’est justement là-dessus qu’ils planchaient lorsque ProjetJ leur a parlé.

Axes souverainiste/fédéraliste et droite/gauche

«C’est un travail titanesque, note Sébastien Bovet. Depuis le début de la campagne, les chefs se sont fait chacun poser un million de questions, j’exagère à peine… il

faut trouver celle que les politiciens, sans chercher à tout prix à les déstabiliser, n’auront pas vu venir. Celle qui va  les amener là où ils ne sont jamais allés et faire en sorte qu’ils vont être obligés de sortir de leur cassette pour parler vrai.»

C’est donc beaucoup de lecture, d’écoute et de visionnage. Décortiquer les journaux, les déclarations, les plateformes électorales et autres cadres financiers.

«On arrive à mi-campagne environ, explique Anne-Marie Dussault. Il faut aller chercher dans tout ce qui s’est déjà dit, les éléments qui préoccupent le plus le public. Car il y a un effet débat. On sait aujourd’hui que 50% de l’électorat peut être volatile. On n’est plus dans le bipartisme traditionnel hérité de nos parents et grands-parents. On est dans un tourbillon d’idées et de tendances, à la fois l’axe souverainiste/fédéraliste et l’axe droite/gauche. Il y a trente ans, la population était assez harmonieuse sur la politique interne parce qu’on était encore dans le développement d’un Québec fort et prospère, analyse-t-elle. Mais là, il y a des choix déchirants à faire. Il faut donc respecter ces deux spectres, d’une part le rôle de l’État, et d’autre part, la volonté ou non de se doter d’un pays.»

Allumer l’esprit

Alors ils notent tout. Toutes leurs idées de questions. Et ils écrèment au fur et à mesure. Mais si à regarder le débat, le téléspectateur a souvent l’impression que les journalistes ne sont là que pour donner la parole à l’un ou à l’autre des chefs, les deux journalistes d’inscrivent en faux.

«Il faut être très attentif, affirme Mme Dussault. Nous avons la responsabilité de respecter l’équité en terme de temps de parole. Ça c’est une première chose et c’est déjà colossal de faire en sorte que personne ne monopolise le débat. Pour ma part, je m’occupe des questions de relance par exemple. Je n’arrive pas avec une seule mais bien avec une liste. Je dois choisir la plus pertinente, celle qui va faire que les débats ne vont pas tourner en rond. Celle, et ça c’est vrai aussi pour  la question de lancement, qui va faire des étincelles, allumer l’esprit des chefs et des électeurs dans leur salon, qui va piquer la curiosité.»

«Oui, le travail académique de défrichage qui permet de bien cerner les enjeux est primordial est il est accompli lorsque l’on entre en ondes, ajoute M. Bovet. Mais durant le débat, notre rôle est de nous assurer que les chefs respectent les thèmes, qu’ils n’essayent pas de dévier sur d’autres sujets qu’ils pensent plus rentables politiquement.»

Pas une «bataille de coqs»

Des animateurs qui ont également pour rôle de faire en sorte que les différents protagonistes se respectent tout le long du débat et que la joute ne se transforme pas une «bataille de coqs», selon l’expression d’Anne-Marie Dussault.

«J’estimerai que nous avons eu un bon débat s’il y a un vrai choc des idées, si nous avons éclairé les électeurs sur le choix qu’ils veulent faire, conclut Sébastien Bovet. De ce point de vue, je trouve que celui de la dernière campagne a été excellent. Françoise David en a été la révélation et jeudi soir, la pression sera certainement sur elle. Si on pouvait avoir un débat aussi animé et aussi rempli de contenu que celui de 2012, je serais bien heureux.»

Anne-Marie Dussault ajoute qu’un débat réussi serait aussi selon elle, un programme qui aurait attiré le plus grand nombre de téléspectateurs possible. «Parce que la politique, on doit s’en occuper, croit-elle. Sinon, c’est la politique qui s’occupe de nous.»

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