Le reportage sur Quebecor diffusé ce soir à Enquête est dans les plans de l'émission depuis des mois. Dès février 2011, l'équipe de Radio-Canada a tenté d'obtenir une entrevue avec le président et chef de la direction du groupe, Pierre Karl Péladeau. Il a décliné l'offre. Cependant, son vice-président aux Affaires corporatives et institutionnelles, Serge J. Sasseville, a fait parvenir une réponse écrite à Enquête.
Le reportage sur Quebecor diffusé ce soir à Enquête est dans les plans de l'émission depuis des mois. Dès février 2011, l'équipe de Radio-Canada a tenté d'obtenir une entrevue avec le président et chef de la direction du groupe, Pierre Karl Péladeau. Il a décliné l'offre. Cependant, son vice-président aux Affaires corporatives et institutionnelles, Serge J. Sasseville, a fait parvenir une réponse écrite à Enquête. L'émission a publié cette lettre sur son site. En voici quelques extraits:
«La concentration des médias est une réalité partout dans le monde tout comme dans l'ensemble des autres industrie. Contrairement à la position prise à ce sujet par quelques groupes et organisations comme la FPJQ, ce mouvement est bénéfique parce qu'il permet le maintien de la diversité des voix plutôt que la disparition des entreprises qui n'ont pas les reins financiers assez solides pour survivre. (…) Les propriétés médias même intégrées ont besoin de leur spécificités et d'une identité de marque forte et distincte pour rejoindre les auditoires mouvants. Faire croire que la concentration développe une pensée unique participe d'une vision romantique de l'industrie complètement détachée des réalités économiques qui demeurent incontournables.»
«Nous avons toujours dit que la diversité des voix était un faux débat. La prolifération des médias dits sociaux et la multiplication des plate-formes de diffusion ont augmenté les voies éditoriales par la croissance de l'accès à beaucoup plus de sources. Depuis la venues d'Internet, il n'est plus possible de monopoliser le débat public, même dans les pays avec des régimes les plus autoritaires, comme nous l'avons vu tout récemment en Égypte.»
«Depuis quelques années, la convergence a été accusée de bien des maux. Mais, pour nous, le fait que la convergence favorise le partage de contenus est un phénomène positif car il permet à nos journalistes de consacrer plus de temps à des dossiers de fond qui intéressent les lecteurs ou auditeurs et marquent l'actualité. (…) Nous croyons que la convergence est une réponse inévitable à la fragmentation des auditoires et à l'érosion des sources de revenus publicitaires traditionnelles découlant de la multiplication des plate-formes.»
«L'indépendance des journalistes est un concept dont il faut bien comprendre l'application au sein d'une salle de rédaction. Un journaliste ne se loue pas un bureau dans une salle de rédaction comme un coiffeur loue une chaise dans un salon où il reçoit librement sa propre clientèle, selon son humeur. Une salle de rédaction n'est pas un collectif de joueurs autonomes qui laissent libre cours à leurs envies du moment. Le journaliste y œuvre au sein d'une équipe et d'un produit. L'éditeur, le rédacteur en chef ou le directeur de l'information font chaque jour des choix éditoriaux et livrent des affectations en conséquences. Il ne s'agit pas là de contrôle de l'information. Il ne s'agit là que de simples préceptes organisationnels auxquels n'échappe aucune entreprise.»
«La décision de Quebecor Media de se retirer du Conseil de presse n'a pas été prise car nous souhaitions nous soustraire à quelque critique que ce soit, mais bien parce que nous avions de longue date exprimé des reproches sur les façons de faire du Conseil de presse, sans qu'aucun changement ne soit apporté à celles-ci. Nous faisons ici spécifiquement référence au caractère arbitraire des décisions du Conseil de presse, lesquelles varient au gré des personnes attitrées au traitement de chaque plainte et à l'interprétation que celles-ci font des Droits et responsabilités de la presse, sans cohérence avec des décisions antérieures portant sur les mêmes questions et sans respecter les règles de justice naturelle, comme la règle audi alteram partem qui exige qu'une partie soit entendue sur un sujet donné avant que le Conseil de presse ne statue sur celui-ci. Contrairement à ce que certains prétendent, le Conseil de presse se donne des airs de tribunal sans qu'aucune mesure institutionnelle et procédurale ne garantisse son indépendance et sa transparence.»
«Le retrait de La Presse Canadienne et la création de l'Agence QMI sont les deux faces d'une même réalité, à avoir qu'il était absurde et inefficace pour un groupe médiatique comme le nôtre, disposant d'un millier de journalistes aux quatre coins du Canada, de verser chaque année 6,5 M$ à une organisation externe pour une couverture que nous étions devenus en mesure d'effectuer nous-mêmes grâce au développement de nos activités par le biais des nombreuses acquisitions effectuées au cous des dix dernières années.»
Au sujet de la convergence: Serge J. Sasseville précise qu'il ne s'agit pas d'un phénomène propre à Quebecor et que Radio-Canada s'y prête également. En effet, le réseau public préfère cependant parler d' "intégration". Professeure à l'École des médias de l'Université du Québec à Montréal, Chantal Francoeur, ancienne journaliste à Radio-Canada et membre du comité éditorial de ProjetJ.ca, a consacré ses recherches doctorales à l'intégration à Radio-Canada. Elle nous a présenté ses résultats de recherche au printemps.
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