Michaël Foessel, Esprit.presse.fr |

Il y a dans les jugements sur la « pipolisation de la vie politique »
quelque chose d’étrangement anachronique. L’idée que la mise en scène
médiatique de l’existence des puissants dénature le politique emprunte
à une conception très contraignante de la séparation entre sphère
privée et sphère publique. Il faut remonter aux Grecs pour trouver une
expression radicale de cette séparation et une véritable rupture
qualitative entre l’espace public de l’agora et la vie domestique. Mais
les Grecs ignoraient tout de ce que nous appelons aujourd’hui la « vie
privée », dans laquelle ils ne voyaient rien de plus que l’aménagement
des conditions nécessaires à la vie biologique. D’où la différence
qu’ils faisaient entre la vie naturelle (zoé) et la vie qualifiée
(bios), la seule qui vaille finalement la peine d’être vécue.