La convergence Radio-Canada/Gesca existe-t-elle?

Le phénomène Radio-Gesca, soit une collaboration étroite entre Radio-Canada et le groupe Gesca, propriétaire notamment du quotidien La Presse, existerait bel et bien. C'est ce que révèle une étude exploratoire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en communication, spécialisée en éthique du journalisme (CREJ), de l'Université d'Ottawa.

Le phénomène Radio-Gesca, soit une collaboration étroite entre Radio-Canada et le groupe Gesca, propriétaire notamment du quotidien La Presse, existerait bel et bien. C'est ce que révèle une étude exploratoire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en communication, spécialisée en éthique du journalisme (CREJ), de l'Université d'Ottawa.

Le professeur Marc-François Bernier, titulaire de cette chaire, note l'existence d'une «convergence à la carte» entre les deux sociétés. Phénomène qui se manifeste par la présence de bon nombre de journalistes de Gesca aux diverses émissions du réseau public, la promotion conjointe de la «Personnalité de la semaine» et la diffusion d'émissions de télévision produites par La Presse télé.

Cette maison de production de Gesca signe notamment Les Chefs. L'autopromotion de cette émission de téléréalité culinaire au téléjournal Québec a d'ailleurs valu à Radio-Canada un blâme du Conseil de presse du Québec (CPQ) dernièrement. Le CPQ a dénoncé le «manque d’indépendance de l’information et le mélange des genres» auquel s'est livrée la société publique en consacrant 23% de son téléjournal du 6 septembre 2010 à promouvoir Les Chefs.

Par ailleurs, après une recherche quantitative par mots-clefs, concernant la période 1990 à 2010, Marc-François Bernier remarque que «quand La Presse parle des deux principaux réseaux de médias électroniques du Québec (Radio-Canada ou TVA), 7 fois sur 10 c’est de Radio-Canada dont il est question». Il n'est cependant pas en mesure de préciser si, la plupart du temps, le quotidien offre une couverture positive à son vis-à-vis.

Le chercheur concède qu'«il y aurait [entre les deux sociétés] une certaine conception partagée des questions ou de sujets dignes d'un intérêt journalistique, laquelle favoriserait les contenus radio-canadiens plutôt que ceux de Quebecor». Il n'y aurait donc pas d'agenda conjoint. Cependant, ces affinités pourraient nuire à la diversité des sources d'information et favoriser «une autocensure subtile chez les journalistes de Gesca qui collaborent régulièrement aux émissions de Radio-Canada», craint Marc-François Bernier.

Devant ces constats, il estime qu'«il faudrait [analyser le phénomène] de façon plus exhaustive et plus systématique afin d'en mesurer l'amplitude et la portée, ce qui permettrait de voir s'il faut s'en inquiéter eu égard au droit du public à une information de qualité, diversifiée et intègre».