La Charte des valeurs occupe les modérateurs

Selon le classement hebdomadaire d’Influence Communication, le débat autour de la Charte des valeurs que tente d’imposer le gouvernement péquiste a occupé près de 10% de l’espace médiatique québécois la semaine dernière. Preuve de la sensibilité du sujet, les différents articles ont généré de nombreux commentaires, parfois teintés de racisme et de xénophobie.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Selon le classement hebdomadaire d’Influence Communication, le débat autour de la Charte des valeurs que tente d’imposer le gouvernement péquiste a occupé près de 10% de l’espace médiatique québécois la semaine dernière. Preuve de la sensibilité du sujet, les différents articles ont généré de nombreux commentaires, parfois teintés de racisme et de xénophobie.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

À débat enflammé, commentaires enflammés eux-aussi. La Charte des valeurs divise les chroniqueurs qui en font leurs choux gras dans leurs journaux respectifs, elle divise aussi les Québécois. Un sondage QMI-Léger Marketing révèle ce matin que 43% de la population se dit favorable à l’interdiction du port de signes religieux par les fonctionnaires, contre 42% de réfractaires au projet de loi.

Des divisions qui s’étalent jusque dans les commentaires des articles publiés sur la toile, aussi bien sur les sites web des journaux et autres pure players que sur leur page Facebook. Commentaires qui flirtent parfois avec le racisme et la xénophobie.

Ainsi, le recherchiste masqué, alias Mathieu Charlebois, journaliste indépendant et chroniqueur culturel au magazine l’Actualité, s’est insurgé samedi contre le Huffington Post, coupable, selon lui, de ne pas modérer les propos de ses commentateurs sur sa page Facebook.

«Hey, le jeune! En as-tu assez d’être ostracisé parce que tu crois que les musulmans devraient retourner «chez les chameaux»?, écrit-il. Es-tu tanné qu’on brime ta liberté d’expression quand tu dis que les ethnies devraient toutes crever pour «régler le problème»? Alors, viens sur la page Facebook du Huffington Post Québec et exprime-toi!»

Propos supprimés

Images à l’appui, Mathieu Charlebois argumente ses propos. Mais les commentaires mis en cause ne se trouvent plus aujourd’hui sur la Page du HuffPost Québec. On y trouve plutôt un rappel à l’ordre.

«Nous avons 484 000 visiteurs uniques par mois sur notre site web, explique son rédacteur en chef, Patrick White. Sur Facebook, nous avons 38 000 abonnements, 1 000 fans se rajoutent chaque semaine. Le débat sur la Charte des valeurs polarise la population. Les gens réagissent beaucoup et c’est tout naturellement qu’ils trouvent sur notre page un espace de conversation puisque la force du Huffington Post, ce sont les médias sociaux. Cela dit, notre nétiquette est très claire et bien visible. Nous appelons les commentateurs à être respectueux, tolérant et à faire preuve de jugement. Nous proscrivons toute incitation à la violence ou à la haine raciale.»

Les commentaires laissés sur le site internet sont pris en charge par une équipe de modérateurs qui gère tous les HuffPost de la planète. Plateforme sur laquelle les commentaires anonymes seront d’ailleurs prochainement interdits.

La page Facebook, quant à elle, est de la responsabilité de la rédaction locale.

«C’est sûr qu’il y a parfois des débordements et sur ce dossier de la Charte, ça dépasse un peu les bornes, admet Patrick White. Nous avons passé la fin de semaine à effacer les commentaires injurieux. Nous avons aussi désabonné et banni certains de nos membres les plus virulents.»

Les médias, responsables des commentaires

Des débordements qui ne sont pas l’apanage du Huffington Post. Sur la page Facebook du Journal de Montréal cet après-midi, un article intitulé Une musulmane voilée se fait insulter, déchaine les passions.

Un commentaire qui sera sans doute supprimé. Mais qui aura pu être lu par les presque 15 000 abonnés à la page.

En plus de diviser le Québec, la Charte des valeurs donne du fil à retordre à tous les modérateurs et autres animateurs de communauté, qui doivent réagir le plus vite possible en cas de débordement, le code de déontologie du Conseil de Presse étant très clair quant à leurs devoirs:

«Les médias sont responsables de tout ce qu'ils publient ou diffusent et ne doivent en aucun temps se soustraire aux standards professionnels de l’activité journalistique sous prétexte de difficultés administratives, de contraintes de temps ou d’autres raisons d’ordre similaire. Cette responsabilité englobe l’ensemble de ce qu’ils publient ou diffusent: les informations journalistiques, la présentation et l’illustration de l’information, les commentaires et les informations provenant du public auxquels ils accordent espace et temps d’antenne, ainsi que les réclames et les annonces publicitaires.»

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