Pascal Lapointe, journaliste |

La fermeture du Rocky Mountain News, un quotidien de Denver qui a raflé 4 prix Pulitzer en 10 ans, pourrait bien être le signe avant-coureur d’une année 2009 difficile, si l’économie ne montre aucun signe de rétablissement.

Le Rocky Mountain News a essuyé une perte de 16 millions$ en 2008. Le quotidien de 149 ans et 10 mois, propriété du groupe Scripps (groupe de presse lui-même vieux de 130 ans), s’était mis en décembre en quête d’un acheteur, en vain. La dernière édition, qui laisse son très vieux concurrent, le Denver Post, seul sur le champ de bataille, est parue vendredi dernier, 27 février.

Le Rocky Mountain News serait le quotidien au plus fort tirage à fermer, parmi ceux qui connu un sort semblable au cours des dernières années. Et déjà, les yeux se tournent vers le San Francisco Chronicle qui, s’il disparaissait à son tour, ferait de sa ville la plus grosse des États-Unis sans un seul quotidien.

Selon le groupe Hearst, le Chronicle aurait perdu 50 millions$ l’an dernier. Le 24 février, il menaçait de mettre le quotidien en vente ou de le fermer si de grosses coupes n’étaient pas réalisées dans les prochaines semaines.

« Pourquoi une industrie jadis profitable semble-t-elle soudain aussi démodée que les fabricants automobiles américains? Voilà une histoire qui entremêle arrogance, erreurs, érosion de la confiance et ascension d’un univers numérique où les journaux se sentent obligés de donner leur contenu », résume le chroniqueur médias du Washington Post, Howard Kurtz.

Au Canada aussi, les paris sont ouverts sur l’un ou l’autre des quotidiens de CanWest (The Gazette, Ottawa Citizen, National Post, Calgary Herald, Vancouver Sun), dont la dette dépasse 3 milliards. Le propriétaire du groupe a obtenu de ses créanciers, le 28 février, un sursis de 12 jours.