Journalistes ivoiriens: le départ de Gbagbo ne règlera rien

Le départ du président sortant de la
Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, et la prise de pouvoir de son rival,
Alassane Ouattara, ne sont pas une garantie de sécurité pour les
journalistes ivoiriens. Depuis le nord du pays, où il a fui avec
plusieurs de ses collègues, le
secrétaire général du Comité ivoirien pour la protection des
journalistes (CIPJ), Stéphane Goué, craint qu’«une insécurité
généralisée» s’installe à Abidjan, la capitale économique du
pays.

«Le départ de
Gbagbo ne ramènera pas d’un coup de baguette magique la paix et la
quiétude», estime le photojournaliste. Il appréhende fortement le
retour à Abidjan des journalistes exilés. Les domiciles de certains
ont d’ailleurs été vandalisés en leur absence par des hommes du
«commando invisible», un regroupement officieusement pro-Ouattara
lourdement armé.

Les journalistes
indépendants sont rares en Côte d’Ivoire et la presse locale est
profondément divisée selon des allégeances partisanes versant
volontiers dans le discours haineux envers le camp opposé. De fait,
depuis le début de la crise ivoirienne, qui a débuté en novembre
2010 suite aux élections présidentielles, les journalistes sont
directement pris pour cible par les partisans des deux camps.

Hier, bien que les
combats aient cessé après un appel au cessez-le-feu du camp du
président sortant, les forces onusiennes rapportaient que les
attaques de maisons, les braquages et les agressions contre les
personnes se multipliaient. «Très bientôt, nous serons confrontés
à un problème de maintien de l’ordre», a confié à l’AFP le
porte-parole de la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci),
Hamadoun Touré.

Les forces d’Alassane Ouattara ont
lancé l’assaut aujourd’hui contre la résidence de Laurent Gbagbo.
Pourtant, hier, la crise semblait se diriger vers une fin négociée.
Le ministre des Affaires étrangères français, Alain Jupé
indiquait en effet que le président sortant était «à deux doigts»
de céder le pouvoir: «Nous avons demandé à l’ONU de lui garantir
son intégrité physique, ainsi qu’à sa famille (…) et d’organiser
les conditions de son départ. C’est la seule chose qui reste à
négocier désormais».

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