Jean-Luc Mongrain et le journalisme à LCN

Mais l’arrivée de ce communicateur populaire et talentueux est symptomatique de tendances lourdes. Nous sommes bien loin de la version initiale du Canal Nouvelles lancé en 1997, qui avait obtenu une licence du CRTC en se présentant comme un service répétant toutes les 15 minutes un bulletin de manchettes et se positionnant ainsi en complémentarité au RDI. En invoquant la nécessité d’être plus compétitif afin d’assurer la rentabilité de sa chaîne d’information en continu, TVA a demandé et obtenu du CRTC des modifications de licence afin d’assouplir la formule des bulletins de manchettes en 2001, puis pour s’y soustraire complètement en 2006.

Certaines chaînes spécialisées ne se contentent plus d’occuper des niches très pointues en se basant uniquement sur les redevances perçues auprès des abonnés à la télédistribution. Elles se livrent une concurrence féroce pour obtenir plus de ressources publicitaires. Selon le guide Médias 2008 d’InfoPresse, les chaînes spécialisées de langue française accaparent maintenant 37% de l’écoute dans le marché québécois francophone. RDI et LCN ont une part de marché similaire, s’établissant respectivement à 2,5% et 2,3% de l’écoute télévisuelle des Québécois. Ces dernières ne sont pas énormes, mais elles masquent l’intensité de la concurrence que se livrent les deux chaînes d’information en continu.

À une autre époque, pas si lointaine, le choix stratégique du groupe TVA aurait été de positionner Jean-Luc Mongrain sur son antenne principale. À LCN, il rejoindra plutôt Denis Lévesque, Claude Poirier et Richard Martineau qui y ont déjà leurs émissions. La juxtaposition de ces personnalités fait ressortir l’orientation journalistique de la chaîne qui, riche d’une licence permettant toutes les possibilités, joue à fond la carte de l’information commentée.

Si Radio-Canada souhaitait clairement différencier sa chaîne d’information en continu, elle miserait pleinement sur ses ressources permettant la collecte de l’information et les talentueux analystes qui fourmillent dans les différents services de la tour hexagonale du boulevard René-Lévesque. Les journalistes de RCI, par exemple, représentent une richesse inestimable pour analyser l’actualité internationale. Et pourquoi ne pas réviser la formule du “Club des ex” en invitant plutôt des journalistes retraités de la boîte à partager leurs connaissances?

Consultez l’article de Canoë