Il faut mettre un prix sur la nouvelle

Lise Millette, ProjetJ – 24 juin 2009 |

Toute
l’information ne
peut être gratuite. L’idée n’est pas nouvelle en soi et certaines
directions de quotidiens s’interrogent sur leur capacité de soutirer
des
revenus de leur contenu en ligne.

Pour maintenir la production
et la recherche d’information, les
restructurations et les diminutions de coûts auront forcément une fin
puisque le seuil minimal de forces vives sera tôt ou tard atteint. Ce
seuil aura son prix. Cela dit, une fois l’effort de rationalisation
complété, il faudra toujours considérer que les internautes, qui
obtiennent en ligne tout le contenu du papier et même plus, ont accès à
tout, gratuitement. C’est le type de constat auquel compte s’attaquer
le New York Times.

Pour tenter de couvrir ses pertes, le New York Times a récemment augmenté à 2 US$ le prix de son édition
papier quotidienne. Le dimanche, le prix grimpe de 5 à 6 US $ selon l’endroit
où sont situés ses lecteurs. Les frais de livraison ont bondi d’environ 10 pour cent.

Yasmin Namini, responsable du tirage au
Times, concède
avoir toujours reçu des lettres de clients mécontents à chaque augmentation de
prix. Elle soutient par contre que cette fois, les commentaires sont différents. Les
gens ne sont pas plus heureux des hausses, mais ils disent comprendre
la situation.

Le journaliste américain Clark Hoyt écrivait qu’au moment où on assiste à «une sévère récession et une révolution
technologique qui éloigne les lecteurs du papier, le prix de la presse
imprimée augmente et une partie du contenu est réduit ou carrément
éliminé». L’abolition de sections ou de certains types de
couverture suscitent réactions et mécontentements et ne permet pas d’atteindre
l’objectif désiré, puisque les lecteurs quittent toujours.

«Je
comprends le besoin de réduire les coûts et je comprends le désir du
Times de devenir un quotidien plus national, mais qu’en est-il de
l’information locale» s’insurge Bruce Einsohn du Bronx. Une autre
lectrice, Marianne Lepre-Nolan de New York, irradie «on ampute une
section complète et le prix augmente tout de même??»

L’écart se
creuse et selon un analyste des quotidiens, John Morton, «plus vous
donnez de raison aux gens de quitter votre journal pour aller chercher
de l’information, plus vous générez de dommages à votre publication.» Il
concède, comme plusieurs autres, que les revenus ne sont plus au
rendez-vous.

Scott Heekin-Canedy, président et directeur général du quotidien, a procédé à une petite analogie avec les hausses de prix d’autres produits. La bouteille de Coke est passée de 1,50 $ à 2 $, le café Starbucks à 2 $ la tasse… 2 $ aussi pour le Wall Street Journal. Il conclut qu’il est étonnant de payer aussi peu pour les nouvelles.