Haïti, la déception

Pierre-Marc René, collaboration spéciale

Le tremblement de terre qui a secoué Haïti le
12 janvier a secoué le monde entier. Comme envoyé spécial pour Grupo Imagen (Excélsior, Cadena 3
et Imagen Radio), au Mexique, je ne peux que constater que la couverture
médiatique ne reflète en rien ce qui s’y passe.

À mon arrivée, j’ai été à même de constater
l’existence d’un chaos, attribuable en partie à la catastrophe, mais aussi par
la présence des militaires américains et canadiens.

Je ne peux compter le nombre de fois où je me suis
fait accoster par les Haïtiens pour savoir quand l’aide allait arriver et
pourquoi il ne se passait rien.

Le réseau CNN a martelé que les militaires contrôlaient
la situation et que toute l’aide était arrivée, ce qui est loin d’être le cas. AP
et AFP ont insisté sur l’appui des forces armées, mais pourtant l’aide parvient
toujours difficilement. Une semaine après les événements, je n’ai vu qu’un seul camion-citerne distribuer de l’eau dans le refuge situé sur les terrains du
bureau du premier ministre Jean-Max Bellerive.

Le président haïtien, René Préval, que j’ai pu
interviewer, m’a semblé peu préoccupé par la situation réelle dans laquelle se
retrouve son pays, se bornant à dire que l’intervention militaire des
États-Unis était la meilleure chose, mais en confirmant toutefois que la
coordination de l’aide faisait défaut.

Au final, j’ai été déçu par la couverture des
journalistes qui travaillaient sous la protection de l’armée américaine.
Comment peut-on montrer la réalité et être objectif, si l’armée nous montre
seulement ce qu’elle veut?

Le sentiment qui m’habite depuis mon retour au Mexique est une tristesse inexplicable à l’égard d’une tragédie qui est loin de se régler.