Fin de la guerre entre TC Media et Sun Media en région

Par la voie d’un  communiqué de presse commun, les deux conglomérats ont annoncé ce matin, le rachat par TC Media des soixante-quatorze hebdos régionaux de Sun Media. Coût de l’opération: 75 millions de dollars.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Par la voie d’un  communiqué de presse commun, les deux conglomérats ont annoncé ce matin, le rachat par TC Media des soixante-quatorze hebdos régionaux de Sun Media. Coût de l’opération: 75 millions de dollars.

Par Hélène Roulot-Ganzmann

Deuxième grosse annonce en deux jours du côté de Sun Média, division de Québecor Media, qui rendait public hier, la mise à pied de deux cents de ses employés à travers tout le canada, dont un quart à l’intérieur des salles de nouvelles. En entrevue à Projet J, Martin Tremblay, vice-président Affaires publiques, évoquait alors un marché de la presse écrite difficile.

Même explication ce matin, pour justifier la vente de ses soixante-quatorze hebdomadaires régionaux à son grand concurrent sur ce terrain, TC Media.

«La révolution numérique a profondément transformé le marché de la presse écrite locale, déclare Robert Dépatie, président et chef de la direction de Québecor Média. Les clients-publicitaires peuvent maintenant annoncer sur une multitude de plateformes qui n’existaient même pas il y a un peu plus d’une décennie. Nous croyons que la presse écrite a un avenir, mais nous ne pouvons ignorer la nouvelle réalité du marché.»

Avant d’ajouter se réjouir que tous ces journaux locaux restent la propriété d’une entreprise québécoise.

«L’acquisition des soixante-quatorze journaux hebdomadaires de Sun Media au Québec s’inscrit dans notre stratégie visant à renforcer les actifs de TC Media et à poursuivre le développement d’une offre locale de médias numériques pour les entreprises et les collectivités, assure pour sa part François Olivier, président et chef de la direction de TC Transcontinental. Cette transaction offrira aussi la possibilité de continuer à bâtir des offres multiplateformes partout au Québec, et ce, grâce au talent de nos gens et à celui des artisans des hebdomadaires de Sun Media au Québec. Nous sommes d’ailleurs enthousiastes à l’idée de les accueillir très bientôt.»

La guerre est finie

Il est encore trop tôt pour savoir quel impact ce rachat  aura du point de vue des employés. Trop tôt également pour déterminer si certains titres disparaitront.

«Toujours est-il que cette annonce a eu l’effet d’une bombe, commente Pierre Roger, président de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), centrale représentant des syndicats de journalistes dans les conglomérats. Au Québec, depuis quelques années, ces deux géants se livraient une guerre sur le terrain des hebdos en région. Ça vient de se terminer ce matin.»

Dominique Payette, ex-journaliste aujourd’hui professeure à l’Université Laval et auteure en 2011 du rapport sur l’avenir du journalisme au Québec, a réagi en affirmant que ce n’est jamais une bonne nouvelle de perdre des joueurs lorsqu’il y en a déjà si peu. En entrevue avec Projet J le mois dernier, elle estimait cependant que cette guerre mettait la viabilité des médias régionaux en péril puisque leur arme suprême était de faire baisser le prix des annonces, presqu’unique source de revenus.

Fermetures et mises à pied?

«Aujourd’hui, les pressions commerciales s’exercent partout, même sur les grands groupes à l’extérieur de Montréal et de Québec, expliquait-elle pour justifier la vulnérabilité des médias régionaux. Il y a une lutte commerciale entre TC et Québecor dans la presse régionale. Ça la fragilise parce que leur manière de lutter l’un contre l’autre, c’est de faire réduire le prix des publicités.»

«Il semble que Québecor ait donc décider de jeter l’éponge, poursuit Pierre Roger. Ça aura peut-être un impact positif sur le prix de la publicité. Mais dans beaucoup de régions, il ne restait plus que les deux hebdos de ces deux groupes. Est-ce que TC Media va poursuivre avec les deux? On le saura bientôt. Je pense pour ma part que les décisions vont être prises au cas par cas parce qu’il y a des secteurs où l’attachement aux deux titres est très fort. Mais il faut quand même s’attendre, au moins à certains endroits, à une perte de diversité en matière d’information»

Décision au cas par cas concernant aussi les futures mises à pied, selon Pierre Roger, qui ne cache pas s’attendre à ce que ce soit l’un des gros dossiers pour l’année à venir.

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