Après 18 mois de captivité dans les montagnes afghanes, les deux journalistes français Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier demeurent convaincus qu'il faut continuer de couvrir les zones de conflit sans l'accompagnement de l'armée. «Je crois qu'il faut continuer à aller en Irak et aller en Afghanistan. Ne pas toujours être avec l'armée, ne pas toujours être embedded comme on dit, être dans le même lit que l'armée», a déclaré Hervé Ghesquière à son arrivée en France ce matin.
Après 18 mois de captivité dans les montagnes afghanes, les deux journalistes français Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier demeurent convaincus qu'il faut continuer de couvrir les zones de conflit sans l'accompagnement de l'armée. «Je crois qu'il faut continuer à aller en Irak et aller en Afghanistan. Ne pas toujours être avec l'armée, ne pas toujours être embedded comme on dit, être dans le même lit que l'armée», a déclaré Hervé Ghesquière à son arrivée en France ce matin.
Les deux reporters de France Télévision ont martelé n'avoir pris aucun risque inconsidéré. Partis en reportage dans l'est de l'Afghanistan pour le magazine d'investigation Pièces à conviction, les deux Français et leurs accompagnateurs locaux ont été vendus à un checkpoint. Enfermés 23h45 sur 24, ils ont vécus comme au Moyen-âge pendant 547 jours. Malgré tout, Hervé Ghesquière a déclaré «J'ai envie de faire ce métier, plus que jamais».
Comment et quoi raconter?
Avant eux, depuis le conflit irakien de 2003, les Français Christian Chesnot, Georges Malbrunot et Florence Aubenas, de même que la Canadienne Amanda Lindhout et l'Australien Nigel Brennan ont eux aussi repris le chemin des rédactions après de longues captivités. Cependant, plusieurs professionnels des médias, dont le patron de Reuters, David Schlesinger, se questionnent: faut-il prendre des risques pour aller en zones de guerre au seul motif du droit à l'information?
Les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, ex-otages en Irak, estiment, dans un livre paru peu après leur libération, qu'«il faut user de la plus grande prudence pour ne pas risquer de servir la cause des manipulateurs qui utilisent la presse à son insu». Ce, surtout quand il n'est pas question «d'un conflit où la population risque de se retrouver en danger parce que l'opinion internationale n'a pas été saisir du drame qui s'y déroule», comme ce fut le cas au Rwanda.
Ils notent: «le décalage entre le risque et le papier rendu, au moment des élections irakiennes, pour ne citer qu'un exemple, doit nous faire réfléchir. Le résultat paraît mince, tant sur la qualité de l'information que dans l'incidence des ventes en kiosque, quand cette information pourrait être recueillie depuis une zone frontalière plutôt que d'un hôtel de Bagdad où la plupart des journalistes anglo-américains sont restés enfermées, envoyant des fixers filmer à leur place dans les rues.»
Concurrence mortelle
Ayant enterrés 12 de ses reporters tués en reportage depuis dix ans, David Schlesinger appelle pour sa part à réévaluer les risques lors de reportages en zone de crise. Lors d'une conférence à Athènes en novembre dernier, il a souligné que, instinctivement, les journalistes veulent être toujours plus près des événements. Dans le feu de l'action, ils sont souvent poussés davantage par l'adrénaline, la concurrence et l'ambition que par le désir d'informer.
Or, selon le rédacteur en chef de Reuters, ceci n'apporte pas automatiquement plus de valeur au reportage livré. Il appelle donc ses confrères patrons de presse à revoir leurs exigences au chapitre de la concurrence: «Nous devons être prêts à rater la meilleure image plus souvent, à passer à côté de quelques histoires pour éviter de perdre encore plus de vies». Il insiste également sur la qualité de la préparation et de la formation des reporters envoyés en zone de conflit, y compris la légion de journalistes indépendants qui croît à mesure que les grands médias ferment leurs bureaux à l'étranger.
Fidèle à son adage, «sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu», Reporters Sans Frontières souligne, de son côté, «le rôle essentiel des journalistes qui, en tant que témoins oculaires sur le terrain, informent la communauté internationale des réalités de la guerre». Selon l'organisme, 30 journalistes et 2 de leurs collaborateurs ont été tués depuis le début de l'année, malgré la résolution 1738(2006) du Conseil de sécurité des Nations Unies stipulant que les gouvernements sont tenus de garantir la sécurité des journalistes en zones de conflit.
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