Entente AJIQ-Gesca des pigistes inquiets

Par Anne Marie Parent

L’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) a conclu une entente qualifiée d’historique avec la direction du groupe Gesca: «un contrat type approuvé par l’AJIQ sera dorénavant soumis à tous les collaborateurs pigistes des journaux de Gesca» (La Presse, Le Soleil, Le Droit, La Tribune, Le Nouvelliste, La Voix de l’Est, Le Quotidien et Progrès-Dimanche). Prévoyant un tarif minimal de 120 $ par feuillet de 1500 caractères, espaces compris – et indexé annuellement –, ce contrat type, en vigueur dès maintenant, peut être consulté à: http://www.ajiq.qc.ca/documents/le-contrat-type-gesca-ajiq.php

En contre-partie, l’AJIQ a demandé «à la Cour supérieure de retirer Gesca de la poursuite intentée contre les quotidiens du groupe dans le cadre de sa requête en recours collectif de 30 millions de dollars déposée en 1999 contre CEDROM-SNi et plusieurs éditeurs québécois.»

La première réaction des responsables de l’édition (notamment du Soleil) a été d’envoyer début mars un contrat antidaté (daté du 15 janvier) en exigeant des pigistes de signer ce document, aux conditions d’avant l’entente (60 $ le feuillet environ). Ils se sont ravisés, car le non-respect de l’entente de fin février les conduisait directement devant la Cour supérieure pour bris des conditions. Ils doivent donc appliquer le nouveau tarif, mais comme celui-ci a doublé du jour au lendemain, les commandes promises se sont envolées, leur budget de rédaction ne pouvant pas les assumer.

Plusieurs pigistes se sentent floués: ils ont droit à de meilleurs honoraires, mais ils ont perdu des commandes! De plus, les journalistes qui espéraient beaucoup de la poursuite depuis 1999 sont déçus. Plusieurs ne collaborant plus aux journaux incriminés, ils ne bénéficieront pas de la hausse du tarif chez Gesca, donc aucune compensation pour eux.

À long terme, la reconnaissance d’un tarif respectable par un des plus importants éditeurs du Québec pourrait créer des vagues et faire en sorte que les journalistes soient mieux payés par tous les médias. C’était la meilleure décision à prendre compte, selon Nicolas Langelier, président de l’AJIQ. «Je n’ai aucun doute que l’avenir nous donnera raison», a-t-il déclaré.


L’auteure est journaliste indépendante.