Enquête braque les projecteurs sur Quebecor

L'émission Enquête de Radio-Canada sera consacrée, ce soir à 20h, au principal concurrent du réseau public, Quebecor. Le reportage est sur toutes les lèvres dans le milieu des communications au point que l'animateur de l'émission a lancé un appel au calme sur son blogue aujourd'hui en titrant «Qu'on se calme le pompon!».

L'émission Enquête de Radio-Canada sera consacrée, ce soir à 20h, au principal concurrent du réseau public, Quebecor. Le reportage est sur toutes les lèvres dans le milieu des communications au point que l'animateur de l'émission a lancé un appel au calme sur son blogue aujourd'hui en titrant «Qu'on se calme le pompon!».

Il faut dire que l'ancien directeur des émissions d'affaires publiques et responsable de l'émission Enquête, Pierre Sormany, a piqué l'intérêt du public début octobre en écrivant sur la page Facebook d'une collègue «Jean Lapierre, ancien politicien et animateur-choc de TVA et LCN, mais qui offre aussi ses services-conseils en relations publiques et qui a parmi ses clients nul autre que son "ami" l'entrepreneur Antonio Accurso». L'ancien président de l'Unité anticollusion (UAC), Jacques Duchesneau, venait alors d'accuser «des» journalistes de servir l'intérêt des corrompus, soit les mêmes individus que dénonce Enquête dans ses reportages depuis des mois.

Pierre Sormany, qui fait aujourd'hui face à une mise en demeure de Jean Lapierre, a finalement quitté Radio-Canada et prit la direction de Vélo-Québec Éditions. Au micro de Benoît Dutrizac hier au 98,5FM, il soulignait qu'«on ne peut pas traiter cet événement (son départ du réseau public) en dehors de la guerre des médias, ça en fait partie». La tension entre Radio-Canada et Quebecor est en effet plus vive que jamais alors que les deux entreprises se font face en commission parlementaire dans le cadre d'une étude portant sur le respect par le diffuseur public de la Loi sur l'accès à l'information.

Avant même la diffusion de l'autopromotion de l'émission, à partir de dimanche soir, Quebecor Media a fait parvenir une mise en garde écrite à l'émission Enquête dès le 5 octobre, rapportait La Presse la semaine dernière. Aujourd'hui l'ancien président du conseil d'administration de Radio-Canada, Guy Fournier, aujourd'hui chroniqueur pour le groupe Quebecor, signe une chronique critique à l'égard des enquêteurs de Radio-Canada. «Je n’ai aucune idée du contenu de l’émission, mais Enquête fait rarement dans la dentelle et il arrive souvent, faute de preuves, qu’elle avance sans conclure des hypothèses qui laissent supposer mille choses. Je suis inquiet», écrit-il en se portant à la défense de son employeur dans un texte intitulé «Péladeau: pas un nom facile!».

Mais Alain Gravel se défend de quelconques motivations belliqueuses à l'encontre de Quebecor. «Si nous avons décidé de faire cette enquête, ce n'est pas pour assouvir la curiosité des gens du milieu des communications. Non plus pour nous venger de quoi que ce soit. Les faits objectifs démontrent l'intérêt public manifeste de l'influence qu'exerce le plus gros groupe médiatique du Québec dans les secteurs culturel, journalistique, économique et même politique. Notre motivation à consacrer une heure de reportage sur le conglomérat Quebecor ne se limite qu'à cela, et à rien d'autre. Calmons-nous! Il ne s'agit, somme toute, que d'une parmi la vingtaine d'enquêtes que nous diffuserons cette année. Ni plus ni moins», écrit-il.

Il précise que «la démarche journalistique de ceux qui signent le reportage (qui sera présenté ce soir), soit Guy Gendron, un reporter chevronné, et le réalisateur Luc Tremblay, est en tout point conforme aux normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada, un code déontologique parmi les plus rigoureux et les plus exigeants au pays», et insiste «Tout a été fait, vérifié et validé dans les règles de l'art de la pratique du métier». Il poursuit: «Il est aussi clair dans notre esprit qu'un groupe de presse rival peut poser un regard critique sur un autre. Ça se fait partout dans le monde. Sinon, qui pourrait le faire?»

 

Voir aussi:

Quebecor vs Radio-Canada: la guerre se corse

Lapierre contre Sormany: l'aveuglement 2.0

Duchesneau et l'intimidation médiatique