Fidèles
à la tradition, les grands quotidiens canadiens ont publié dans les
derniers jours un éditorial endossant un parti en vue du scrutin
d’aujourd’hui.
La plupart appellent à voter conservateur.
Néanmoins, pour la première fois, le Nouveau Parti Démocratique
(NPD) a réussi à convaincre. Le Toronto Star appelle en
effet à voter pour le parti progressiste.

Traditionnellement
libéral, le
Toronto Star
estime que le Parti libéral du Canada n’est plus la seule
alternative face à un Parti conservateur dont la victoire «serait
mauvaise pour le pays»: «La dernière chose dont le Canada a besoin
est l’affirmation d’un gouvernement obsédé par le contrôle,
dédaigneux envers la critique et déterminé à poursuivre le
démantèlement de l’État» écrit le journal. Pour le
Toronto
Star
, «les électeurs
progressistes devraient donner leur appui au NPD», parti qui a
réussi à se défaire de son image d’«idéaliste naïf» pour
devenir une véritable «force crédible».

La vague bleue

La vague orange, qui s’est manifestée dans les sondages au cours du
dernier tiers de la course, n’a cependant pas happé beaucoup
d’équipes éditoriales. Seul le Now de Toronto a en effet fait le
même choix que le
Star.
Loin d’être convaincus par l’option néodémocrate, les quotidiens
du groupe Sun, de nombreux journaux de l’Ouest canadien, dont le
Calgary Herald
ou la
Province
de Vancouver, et de l’Ontario, dont le
Waterloo
Region Record
ou le
Windsor Star,
appellent tous à voter conservateur, de même que le rédacteur en
chef du magazine
Maclean’s,
Andrew Coyne.

Comme
eux,
The Gazette
à Montréal et
The
National Post
appellent
aussi l’électorat canadien à se masser derrière le Parti
conservateur afin de doter le Canada d’un gouvernement majoritaire
stable. Pour ces deux quotidiens, le pays a besoin d’un gouvernement
fort pour éviter la partition alors que les souverainistes menacent
de reprendre le pouvoir à Québec.

Sans
brandir le spectre souverainiste, le
Globe
and Mail
a également
donné son appui aux conservateurs. De l’avis de ce quotidien, qui
soutient les troupes de Stephen Harper pour la troisième fois en
trois élections consécutives, ni les néodémocrates ni les
libéraux ne sont parvenus à mettre en échec les conservateurs et à
prouver qu’ils représentaient une alternative crédible pour un pays
encore fragile au plan économique. Cet appui a cependant soulevé les foudres de nombreux lecteurs du quotidien et n’a pas non plus fait l’unanimité dans la salle de rédaction du journal dite pourtant non-partisane. Un journaliste indépendant a en effet désavoué publiquement le choix du Globe.

La voix du Québec

Du
côté francophone,
Le
Devoir
estime, comme The
Gazette
et The
National Post,
qu’«un
gouvernement majoritaire serait souhaitable». Néanmoins, il juge
que le Parti conservateur ne mérite pas une telle confiance et doit
donc faire face à «une opposition forte qui l’obligera à gouverner
avec modération». Fidèle à ses habitudes, le quotidien
indépendant appelle à donner un appui franc au Bloc québécois
pour qu’il continue à défendre avec vigueur les intérêts du
Québec. Chose que le NPD, à son avis, ne peut faire, malgré ce que
semblent en penser de plus en plus de Québécois d’après les
sondages.

Finalement, La Presse vote
également pour «un Québec fort à Ottawa». Toutefois, elle met de
côté l’option souverainiste. Elle rejette également le Parti
conservateur, car, contrairement à ce qu’avancent The Gazette
et The National Post, elle estime que la stratégie de Stephen
Harper est néfaste à l’unité canadienne. Cependant, le quotidien
de la rue Saint-Jacques ne juge qu’aucun autre parti fédéral n’a
réussi à s’imposer clairement pour gouverner. De fait, il appelle à
donner un autre mandat minoritaire aux conservateurs en votant pour les candidats libéraux et néodémocrates les plus aptes à «faire
entendre la voix du Québec». Même mot d’ordre dans les pages du Soleil à Québec.

Voir aussi:

Le Globe and Mail appuie les conservateurs