Confusion des genres à Radio-Canada, lombudsman critique le Fric Show

«Étant donné cette évidente confusion des genres et les promesses selon
lesquelles cette émission allait être rigoureuse, que l’on allait
vérifier et contrevérifier les faits utilisés, il ne fait aucun doute
qu’à titre d’ombudsman je peux donner mon avis sur un épisode de Fric
Show. Il ne s’agit pas de me prononcer sur toutes les émissions
d’humour à l’antenne qui comportent un certain mélange des genres.
Chaque émission a ses propres codes, sa recette. Ce dont il faut
s’assurer c’est que, dans chaque cas, le téléspectateur sache
clairement à quoi il a affaire ».

(…)

« Après avoir
visionné attentivement l’émission Fric Show sur la mondialisation, je
constate qu’il y a non seulement un mélange de genres, mais une
confusion de genres. Le propos oscille entre l’humour et l’information
sans que le passage de l’un à l’autre soit forcément clair pour le
téléspectateur. Les procédés de réalisation utilisés – l’entrée en
matière, la musique, l’ambiance de cirque, le nain –, peuvent certes
faire croire a priori qu’on est dans l’humour, mais ce n’est que
l’enveloppe. On aboutit rapidement à ce qui ressemble, à s’y méprendre,
à une émission d’information, sans doute encore plus efficace, car elle
utilise une vedette populaire aux multiples talents (Marc Labrèche)
pour faire passer de l’information. Le but premier de cette émission
est d’informer, en utilisant l’humour pour rendre le message plus
attrayant », écrit-elle notamment.

Plus loin, elle observe que
le « Fric Show utilise des dessins animés pour simplifier des
informations théoriques complexes. C’est un procédé employé aussi dans
des émissions d’information très sérieuses pour alléger le propos. Zone
libre avait eu recours à cette technique d’animation pour expliquer le
sujet complexe de la dette ».

Pour l’ombudsman, l’humour « a ses
règles, l’Information en a d’autres. En empruntant le ton et procédés
d’émissions d’information, Fric Show a l’air de transmettre la vérité
(…) Dans une émission d’humour, il y a peu d’interdits. On peut
exagérer, déformer, être méchant et malhonnête, mais tout réside dans
la manière! Il faut qu’il soit clair pour le téléspectateur qu’on est
dans la parodie, dans l’imitation et qu’il n’y a pas grand-chose de
vrai ou de sérieux dans ce qui est montré. Il faut donc donner des
signaux clairs que ce n’est pas la vérité »

L’ombudsman ajoute
que dans « Fric Show, il est indéniable que des éléments d’information
sont introduits dans une émission de divertissement. Les Normes
[journalistiques] devraient donc s’appliquer. Il est évident que, dans
animateurs ont besoin d’une marge de manœuvre traitent d’information,
les trois principes de base l’intégrité et l’équité. Tel qu’il se
présente, l’épisode Fric Show ne respecte pas le principe de l’équité .

Elle
en vient donc à la conclusion que la plainte « est fondée. L’épisode de
Fric show sur la mondialisation contient des imprécisions et des
exagérations dans l’information qui est véhiculée. Le principe
d’exactitude n’est donc pas respecté. Contrairement aux autres épisodes
de Fric Show, il n’y a aucun point de vue opposé dans l’épisode sur la
mondialisation. Le principe de l’équité n’est donc pas respecté, même
minimalement. Ces principes sont en cause, car le but premier du Fric
Show est d’informer, tout en divertissant les téléspectateurs ».

Bureau de l’ombudsman : révision sur l’émission Fric Show, portant sur la mondialisation, diffusée le 14 juin 2007 (format PDF)