Voir aussi: Compressions à CBC/Radio-Canada: plus de pub, moins d'artisans
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Bien que CBC/Radio-Canada devra composer avec 115 M$ de moins au cours des trois prochaines années, ses cadres continueront de toucher leurs primes de rendement annuelles. «8 M$ par année pour les 3 prochaines années, soit l'équivalent de plus d'une centaine d'emplois» devraient ainsi être distribués, dénonce un front commun de quatre syndicats desservant le Québec et Moncton.
Le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC), le Syndicat des techniciens et artisans du réseau français (STARF), le Syndicat canadien de la fonction publique section 675 (SCFP-675) et l'Association des réalisateurs (AR) tiendront un rassemblement demain à midi devant la Maison de Radio-Canada à Montréal pour dénoncer la gestion des compressions budgétaires au réseau public. Ils demandent que l'ensemble de la hiérarchie fasse sa part.
D'une même voix, ils dénoncent «l'obésité des organigrammes» à Radio-Canada et leur coût. «L'encadrement (le nombre d'employés-cadres) dans les divers secteurs d'activité se maintient ou est en augmentation malgré les vagues successives de compressions des 10 dernières années», notent-ils. Pourtant, la production à l'interne diminue. En conséquence, «les coûts de la production privée des émissions de Radio-Canada/CBC en télévision générale augmentent de plus de 9,5% par année», selon eux.
Ils réclament que la direction revoie son plan de compressions, qui prévoit notamment la suppression de 650 postes, l'introduction de la publicité à Espace musique et Radio 2 et l'abandon de la diffusion de Radio-Canada International sur ondes courtes. Pour eux, il faut «changer la cible des compressions budgétaires». «Avant de faire des coupures dans les programmes, l'information et les services au public, il faudrait faire le ménage dans l'administration», estime le président du SCRC, Alex Levasseur.
Mais pour la direction, le syndicat refuse simplement de voir la réalité en face. «Le SCRC s'oppose aux décisions difficiles que nous devons prendre pour équilibrer notre budget, cela ne devrait étonner personne», écrit le directeur, services des communications et porte-parole institutionnel, Marco Dubé, à ProjetJ. Pour lui, il est faux de dire que les patrons ne font pas leur part pour aider l'entreprise à faire face à la crise.
Il souligne que «la rémunération des dirigeants de CBC/Radio-Canada est souvent inférieure à la rémunération moyenne offerte à ceux du secteur privé». Quant aux primes de rendement – ou «rémunération incitative liée à l'atteinte des objectifs» –, qui se sont élevées à 9,9 M$ en 2010-2011, elles n'ont totalisé que un pour cent de la masse salariale totale de la société, note-t-il. Il rappelle également que «12% des 650 postes qui seront éliminés seront des postes de cadres et de superviseurs».
Lesquels perdront leur emploi? Qu'il s'agisse de cadres ou d'artisans, M.Levasseur estime que le processus de compressions se fait derrière des portes closes sans consultation des représentants syndicaux et des équipes de production. «Dès septembre, on s'est réunis comme syndicats pour indiquer où on pourrait couper sans couper les services, mais rien de ce que nous avons proposé n'a été considéré. L'employeur a travaillé tout l'automne pour adresser les compressions attendues sans nous consulter. Dès janvier, il savait le chiffre magique, mais il ne nous a rien dit.» Il accuse le PDG du réseau, Hubert Lacroix, de lever le nez sur les syndicats depuis qu'il est en poste et de diriger le réseau public comme une entreprise privée en faisant fi de ses engagements.
Le SCRC est d'ailleurs préoccupé par la qualité de l'information produite par Radio-Canada, notamment en région. Il estime que la société ne respecte pas son engagement à produire le tiers des émissions du Réseau de l'information (RDI) en région, à mieux refléter la capitale nationale et à établir un service d'information radio et télé dans toutes les régions.
Dans ce contexte, il demande au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de ne pas accepter les modifications de licences demandées par la direction concernant la fin du service sur ondes courtes de RCI, la fermeture des émetteurs analogiques et l'introduction de publicité à la radio. Il estime que ces demandes devraient être examinées dans le cadre d'un renouvellement global des licences du réseau public et non au cas par cas.
«On s'est rendu compte que Radio-Canada s'est sérieusement éloignée de ses obligations réglementaires et de ses propres engagements, expliquait M.Levasseur au Devoir la semaine dernière. Les compressions budgétaires nous éloignent encore plus de la voie tracée. Il est donc temps d'avoir un débat public pour que les Canadiens puissent dire ce qu'ils souhaitent comme service pour lequel ils payent.»
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