Comment déterminer ce qui est d’intérêt public?

En collaboration avec l’Association canadienne des journalistes (CAJ), J-Source entretient une rubrique intitulée Ask a Mentor. Son objectif? Délivrer des conseils aux journalistes et étudiants qui n’ont pas accès à un mentor. Cette semaine, J-Source s’est demandé s’il existe des règles pour déterminer si telle ou telle histoire et d’intérêt public ou non.

En collaboration avec l’Association canadienne des journalistes (CAJ), J-Source entretient une rubrique intitulée Ask a Mentor. Son objectif? Délivrer des conseils aux journalistes et étudiants qui n’ont pas accès à un mentor. Cette semaine, J-Source s’est demandé s’il existe des règles pour déterminer si telle ou telle histoire et d’intérêt public ou non.

Par Jim Bronskill, journaliste au bureau de la Presse Canadienne à Ottawa. Il est aussi chargé de cours en journalisme à l’Université Carleton. Traduction d’un article paru initialement sur J-Source, le 27 janvier 2014.

S’il fallait répondre par oui ou par non à cette question, la réponse serait non. Dans une perspective journalistique, non, tout n’est pas d’intérêt public.

Une réponse plus longue commencerait par le petit rappel d’une notion simple: le journalisme, c’est bien plus que retranscrire des faits, répandre des rumeurs ou rapporter des histoires insignifiantes.

Le journalisme consiste à collecter et analyser des faits dans le but de fabriquer une histoire fascinante susceptible d’interpeler le public. Ça implique, pour le journaliste, de la loyauté, de l’éthique et de la déontologie, mais aussi de perpétuellement questionner ses propres pratiques.

Ainsi, quand les histoires concernent les gouvernements ou des personnes officielles redevables à la population, informent les communautés de changements vitaux ou de tendances, et alimentent les débats qui traversent la société, il y a de grandes chances qu’elles soient d’intérêt public.

Mais le journalisme doit aussi savoir provoquer et même faire scandale souvent. Lorsqu’ils s’avancent sur ce terrain, reporters et éditeurs doivent cependant toujours se demander pourquoi ils vont de l’avant avec une telle histoire.

Révéler de la corruption, mettre un coup de projecteur sur un sujet sensible, ou encore débusquer une affaire révélatrice de notre condition humaine, voilà par exemple de bonnes raisons d’investir du temps et de l’argent pour développer une histoire. En revanche, chercher à titiller le côté sombre de chacun ou faire sortir un secret d’état dans le but de satisfaire son amour-propre sont autant d’indices qu’il faudrait passer son chemin et enterrer cette affaire.

C’est pourquoi les médias qui ont une haute estime de leur public mettent des gants lorsqu’il s’agit de couvrir des sujets tels que des funérailles ou une prise d’otage. Plonger dans la vie privée de personnes publiques oblige également à se demander à partir de quand la couverture flirte avec le divertissement et le spectacle.

À une époque où tant les rumeurs que la vérité traversent le globe instantanément ou presque, il est important de se demander pourquoi une histoire vaut la peine que du temps lui soit consacré, non seulement par nous, en tant que journaliste, mais aussi par le public, dont nous sommes les serviteurs.

À La Presse Canadienne, ce genre de débats éthiques fait partie de nos réunions. Même lorsque les décisions doivent être prises rapidement, nous consultons les rédacteurs en chef. Et si vous avez encore un doute, la dernière édition du Canadian Press Stylebook vous permettra sans doute de vous poser les bonnes questions et de prendre la bonne décision.

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