Bluff ou véritable précarité économique?

Lise Millette, ProjetJ |

Le Boston Globe s’est entendu avec ses syndiqués. Le quotidien avait annoncé qu’en raison de problèmes financiers, de l’effritement des revenus publicitaires et de pertes appréhendées de 85 millions de dollars en 2009, la fermeture était la seule avenue possible.

Le journal avait lancé que sans un accord de ses syndiqués pour une réduction des coûts de 20 millions, la viabilité de la publication était somme toute impossible. Était-ce un bluff? Il semble du moins que les syndiqués ont pris la chose au sérieux puisqu’une entente est intervenue sur un important plan d’économies.

Le Boston Globe a aussi annoncé que le coût d’une copie du journal connaîtra une hausse de 50 cents à compter du 1er juin.

Ce qui se passe dans la presse américaine mérite qu’on s’y attarde puisque le Québec subit généralement les mêmes tourments avec un peu de décalage. Vrai pour les compressions importantes dans le milieu du journalisme, vrai aussi au chapitre de la réflexion sur le financement des médias, d’ailleurs plus avancée au sud qu’ici.

Aux États-Unis, le passage unique au web pour des quotidiens s’est déjà opéré à quelques reprises, mais la menace d’une fermeture à la table des négociations demeure un phénomène relativement jeune. Cela dit, après avoir vu des journaux disparaître, la chose devenant donc possible, la possibilité de tout perdre fait office d’élément massue. Stratégique ou non, l’idée est drôlement efficace.

La question à se poser maintenant : est-ce que ce genre de situation risque de s’imposer bientôt chez-nous? Outre le journal de Montréal, d’autres conventions collectives arrivent à échéance prochainement et le spectre de la rentabilité sera incontestablement l’étendard d’un champ de bataille déjà miné. Est-ce que la survie du journalisme ou doit passer par une diminution des acquis et une réduction de la rémunération? Est-ce qu’en bout de piste il sera possible de sauver à la fois les emplois et la rentabilité de l’entreprise sans perdre de vue la mission première qui est de fournir au public une information de qualité qui repose sur des textes possédant une substance?

En attendant la vague et le contre-coup, au Boston Globe, la menace de fermeture a été évitée. Cette fois-ci. Rien n’indique que la prochaine manche sera forcément plus facile. Bien au contraire.