Lise Millette, ProjetJ |

Les méthodes d’enquête du Journal de Montréal ont été qualifiées de «non justifiées» par le juge Charles G. Grenier de la Cour du Québec dans son dossier sur les Raëliens. L’affaire remonte à 2003, le quotidien montréalais avait mandaté la journaliste Brigitte McCann d’infiltrer le groupe, ce qui a mené à la publication d’une série d’articles et plus tard à la parution d’un livre relatant son expérience.

Le groupe s’était inscrit en faux contre ces reportages peu flatteurs et plusieurs membres avaient aussi entrepris des démarches judiciaires, comme le rapporte en détails Christiane Desjardins dans La Presse.

Jusqu’ici, les arguments des disciples de Raël n’avaient pas été retenus, mais voilà que dans le cas précis de deux individus qui ont été identifiés avec leurs noms et photos, la cour leur a donné raison et impose une amende de 10 000$ en dommages, que doit verser Sun Media.

Cette situation ramène de l’avant la question du recours aux procédés clandestins pour obtenir des informations. Selon le guide de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) ce type de pratique est à proscrire et le journaliste doit enquêter à visage découvert. Le guide précise toutefois qu’il peut être justifié d’employer ce type de moyens, «si l’information recherchée est d’un intérêt public certain, si l’information ne peut vraisemblablement pas être obtenue ou vérifiée par d’autres moyens et si les gains pour le public dépassent les inconvénients qui peuvent être causés à des individus.»

Dans le cas présent, le juge Grenier n’a pas été convaincu de la pertinence des méthodes employées. Il a par ailleurs critiqué la «désinvolture» du traitement et son «manque de sérieux».

Reste maintenant à déterminer si ce jugement pourrait entraîner des suites. Ce type de procédures étant sans appel, tous les verdicts à la petite créance sont finaux. Encore une fois, les journalistes risquent de devoir montrer patte blanche.

À noter que le reportage de Brigitte McCann avait remporté le prix Judith-Jasmin.