Au Brésil, les positions politiques minent le lectorat

Les prises de positions éditoriales des journaux brésiliens ont un impact direct sur le lectorat. En axant leur contenu sur la politique, ils accentuent l’écart entre ce que cherchent les lecteurs et ce que leur offrent les journaux. Résultat : le lectorat s’effrite.

Cette analyse est celle de Giancarlo Summa, un ancien journaliste correspondant au Brésil, aujourd’hui directeur du Centre d’information de l’Organisations des Nations Unies à Rio de Janeiro.

Ce qui se passe en Amérique du Sud, où la situation sociale est bien différente d’ici, n’est pas dénuée d’intérêt. En fait, le Brésil vit sensiblement la même réalité d’un point de vue médiatique. Le consommateur délaisse les journaux pour l’Internet pour trouver, sur mesure, les informations qu’il recherche.

Autre élément intéressant, si la “grande presse” décroît, la presse dite “régionale” se porte bien. Mieux, elle s’apprécie. À Porto Allegre, le journal Zero Hora a vu sa diffusion augmenter. Le contenu de ces médias se résume à une information de service, locales et de proximité, qui évite la sphère politique. Selon Giancarlo Summa, au cours des 5 dernières années, les médias de cette niche ont connu une croissance de leurs ventes de 4 à 5%.

À l’opposé, la presse nationale perd des lecteurs. Pour Summa, le décalage entre la vie des Brésiliens et ce qui se retrouve dans ces journaux est de plus en plus grand. «On trouve dans les premières pages tous les détails sur les complots politiques pour élire un obscur représentant dans une commission au sénat dont personne ne comprend l’utilité. Pratiquement aucun reportage de société. Le Brésil a énormément changé au cours des deux dernières décennies, et il semble que toutes ces transformations profondes ne sont pas décrites par les journaux.»

Il croit que la presse nationale «souffre d’une crise de légitimité et d’un désintérêt croissant des lecteurs».

La remise en question du contenu, de l’offre et de la presse ne relève manifestement pas que d’une pression publicitaire, fondamentalement, la philosophie même des médias mérite peut-être une révision.