Deux employés de Quebecor se voient refuser une accréditation auprès de la Tribune de la presse à l’Assemblée nationale, ce qui pousse l’entreprise à poursuivre le président de l’Assemblée Yvon Vallières.

Cette situation découle d’un nouveau règlement adopté par les journalistes de la Tribune en septembre. Selon la nouvelle formulation, les journalistes dont le médias est en conflit de travail ne peuvent être accrédités. Cette mesure vise en fait à éviter que des entreprises de presse profitent d’un lock-out pour continuer de bénéfier des privilèges dévolus aux journalistes accrédités et qui se résument à des accès, un bureau et plusieurs informations propres aux journalistes affectés à ce type de couverture.

Cette façon de procéder éviterait, par exemple, à un membre du Journal de Québec (propriété de Quebecor) d’obtenir une accréditation et d’envoyer les textes vers le Journal de Montréal (une autre entité de l’entreprise), et ce, sans préjudice ou accusation d’utiliser les services de scabs.

Les membres de la Tribune ne voulant pas permettre que soit effectué indirectement ce qui n’est pas permis directement, ont voulu couper court à la pratique. Ce faisant, deux accès ont été systématiquement refusés.

Cela dit… Bien que cette décision ait fait l’objet d’un règlement entre les membres de la Tribune, le président de l’Assemblée nationale n’était pas forcé d’avaliser le nouveau règlement. Il lui était permis de refuser et d’accorder les accréditations. Il a choisi de ne pas le faire. C’est pour cette raison que Quebecor a déposée en Cour supérieure, sa poursuite contre M. Vallières.

Le chef de la direction, Pierre Karl Péladeau, a affirmé que cette décision contrevient au droit du public à l’information. Sa dénonciation, dans le contexte, n’attire que peu de sympathie.

Certains seront tentés d’avoir la réflexion suivante : après avoir décrété un lock-out contre ses employés, Quebecor goûte maintenant à sa propre médecine… Toutefois la situation comporte une différence notoire : la décision ne vient pas d’un lien entre employés et patrons, mais bien de pairs contre d’autres pairs.

Les journalistes de la Tribune, par solidarité pour leurs collègues de Rue Frontenac, ont choisi d’empêcher des journalistes d’obtenir une accréditation. Au nom donc de cette solidarité syndicale, des journalistes limitent l’accès à l’information à d’autres journalistes… ou des cadres de médias qui exercent aussi des fonctions journalistiques.

Cette situation est particulièrement intenable, mais traduit à la fois le malaise que peut représenter tout lock-out dans une entreprise de presse. Le climat au sein du média est malsain, mais gangrène également les relations entre professionnels de l’information.