Les discussions entourant les négociations des nouvelles conventions collectives à La Presse et Cyberpresse suscitent de vives réactions chez les journalistes indépendants, dont plusieurs ont vu leur collaboration cesser abruptement au cours des derniers mois.
La partie syndicale affirme qu’après avoir dû avaler des diminutions salariales, accepter des heures de travail accrues et une perte de leurs avantages sociaux, l’heure est venue de repenser aux collaborateurs extérieurs dont les coûts sont, semble-t-il, très élevés. Certains avancent que l’ombre de la guillotine menace les Stéphane Laporte et Alain Dubuc. Peut-être. Cela dit, le passé étant souvent garant de l’avenir, il y a fort à parier qu’en réalité on assistera à une diminution des affectations à titre de pige, et ce, bien que ces coûts ne soient pas si dispendieux puisque le tarif au feuillet à La Presse ne peut être considéré comme un eldorado du journalisme. Il est vrai par contre que les plumes vedettes, elles, se monnaient bien… Qu’elles soient sabrées apparaît bien illusoire.
La position sous-entendue du syndicat voulant que le recours aux journalistes indépendants soit une menace aux postes permanents a soulevé l’ire dans les réseaux de pigistes. Si, sur le fond, certains comprennent la logique qu’avant d’abolir un poste permanent il faut éliminer des dépenses consenties en “sous-traitance”, d’autres y voient une chasse aux sorcières contre les journalistes indépendants.
Et pourtant, cette “politique du repli” à l’égard des pigistes n’est pas nouvelle. Loin de là! Depuis des décennies, des clauses sont négociées pour tenter d’encadrer le recours à la pige, dans le but de préserver des emplois à temps plein. Plafonnement du nombre d’heures données aux journalistes surnuméraires, cotisations à verser au syndicat par l’employeur (des frais généralement refilés aux surnuméraires), limitation par un pourcentage du contenu des contrats donnés aux pigistes, non-attribution du crédit photo aux photographes-pigistes (un grand quotidien retirait systématiquement les crédits photo des pigistes pour inscrire “Photo du Journal”) et bien d’autres.
Tous ces moyens visaient à protéger, à juste titre sans doute et dans l’intérêt des membres, des postes à temps plein. La question se pose, toutefois: est-ce que la négociation syndicale pourrait avoir contribué, directement ou indirectement, aux conditions stagnantes des journalistes à la pige?
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