Yves Ouellette |

Les problèmes liés aux contrats d’édition sont redondants. La situation au Journal de Montréal nous amène aujourd’hui à nous questionner sur le rôle des syndicats sur cette question qui semble sans issue. Force est d’admettre que ce rôle est déterminant.

Les syndicats, s’ils ne sont pas à la source du problème, pourraient grandement contribuer à sa résolution. Comment ? En insérant dans leurs conventions collectives des clauses qui définissent les conditions minimales de travail des collaborateurs pigistes. Ce faisant, ils contribueraient sans doute à réduire le recours à la sous-traitance mais surtout à accroître la «qualité de l’information».

Si les syndicats négociaient pour que la totalité des collaborateurs extérieurs soient rémunérés de la même façon, d’une part, ils élimineraient aussi une autre pratique qui tend à se répandre, celle de la pige gratuite, qui accepte de fournir des textes uniquement pour pouvoir profiter des avantages que cette chronique procure à l’auteur.

En refusant de se pencher sur des conditions minimales et uniformisées pour les pigistes, les syndicats se tirent dans le pied. Par leur indifférence et leur corporatisme, ils encouragent le recours à la sous-traitance à rabais.

Dans cet esprit, je suis porté à comprendre l’attitude de Martineau. D’autant plus que les exemples de solidarité syndicale envers les pigistes sont assez peu nombreux. On sait aussi que le seul véritable choix d’un pigiste en cas de conflit syndical est la démission plutôt que l’abstention temporaire. Croyez-vous sincèrement qu’un pigiste régulier qui refuserait de produire sa chronique régulière (et non de devenir scab j’entends) serait réintégré à la fin du conflit ? À moins d’être une grosse vedette, et encore… ? Toutefois, ce choix n’existe même pas en région puisque tous les journalistes se connaissent intimement, ce qui induit une grande solidarité naturelle comme on l’a constaté lors du dernier conflit à Radio-Canada. Le pigiste qui refuserait d’abdiquer son travail lors d’un conflit devrait porter le poids de sa décision devant ses pairs pour le restant de ses jours. Je me souviens cependant que chez nous, lors de la grève de Radio-Canada, les employés de la radio étaient sur le trottoir mais ceux de la télé, qui faisait partie d’une autre entité syndicale, ont continué leur travail… C’était légal et semble-t-il… normal!
Yves Ouellette est journaliste indépendant à Chicoutimi.
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