«Le photojournalisme vit un changement profond et nous n'en avons pas encore compris la portée, mais une chose est sûre, notre avenir dépend de l'intégrité». C'est ce qu'a expliqué hier soir le secrétaire du World Press Photo 2010 et directeur général de l'agence VII devant un parterre d'étudiants et de passionnés de photographie au Collège Dawson.
«Le photojournalisme vit un changement profond et nous n'en avons pas encore compris la portée, mais une chose est sûre, notre avenir dépend de l'intégrité». C'est ce qu'a expliqué hier soir le secrétaire du World Press Photo 2010 et directeur général de l'agence VII devant un parterre d'étudiants et de passionnés de photographie au Collège Dawson. Arborant un t-shirt hommage à Robert Capa, Stephen Mayes a exposé sa vision des mutations qui affectent l'industrie de la photographie de presse et ses stratégies pour se démarquer et en vivre.
Le message
Selon lui, avec le passage de l'analogique au numérique, la photographie est passée de la création d'images fixes à la création d'images fluides et mouvantes qui changent de sens selon le contexte et d'un spectateur à l'autre. Des images qui participent à l'événement en direct et sont destinées à être partagées instantanément et non plus à être archivées. On est ainsi passé d'une industrie dominée par l'unité photographique, donc basée sur les droits d'auteurs, à une industrie dominée par le flux, donc reposant sur la qualité du message. Face à ce changement de paradigme, les photojournalistes doivent s'adapter en modifiant leur façon d'interagir avec la presse imprimée, avec le Web et avec le public.
«Nous devons redéfinir la valeur de notre produit et cesser de nous battre avec les magazines. Il faut arrêter de vouloir leur vendre des droits de publication pour leur parler d'intégrité. C'est ça la valeur intrinsèque de notre travail dans un monde où des milliers d'images trafiquées et malhonnêtes circulent», insiste-t-il. Il estime qu'un photographe qui aborde le marché de la sorte peut cesser de dépendre du volume d'images qu'il produit, et peut vivre de l'intérêt des histoires qu'il veut raconter. Le photographe revient ainsi à son rôle premier qui est de «parler parce qu'il a quelque chose à dire et non de parler parce qu'il faut qu'il dise quelque chose».
Stephen Mayes parle du rôle du photographe ici (3e partie de la série Sortir du Cadre):
La marque
Loin de considérer Internet et les réseaux sociaux comme une menace, Stephen Mayes y voit des outils qui peuvent rendre les photoreporters moins vulnérables. «Traditionnellement, nous avons toujours été des fournisseurs à la merci des éditeurs. Aujourd'hui, nous avons tous les outils pour devenir nos propres éditeurs. Nous ne sommes plus dépendants de nos clients.» Rejoignant plusieurs stratèges du journalisme adeptes du personnal branding, il recommande aux jeunes photojournalistes de façonner leur propre marque: «Quel type de photographe êtes-vous? Devenez LA personne qui fait ça, portez un message fort. Le marché vous trouvera si vous avez quelque chose à dire.»
En construisant une marque forte, le photoreporter peut non plus solliciter des clients, mais établir des partenariats avec des médias, des entreprises et toutes sortes d'organisations qui partagent ses valeurs, explique le patron de VII. Son agence s'est elle-même associée à Canon et à LG qui lui apportent un soutien technique, mais aussi à Médecins sans frontières et à la Croix rouge qui lui donnent un accès privilégié au terrain, encadrent et informent ses photographes. Elle produit également son propre magazine en ligne qui est repris par plusieurs médias. «Les partenariats sont fondamentaux. Nous ne pouvons pas tout faire, mais nous devons savoir comment faire pour que tout soit possible.»
Stephen Mayes parle de VII Magazine, de la presse et de la marque ici (1ère partie de la série Sortir du Cadre):
L'imagination
Quant à l'avènement du multimédia, il y voit une aubaine qui permettra aux photoreporters de donner plus de profondeur à leurs histoires. «On est en train de passer du crossmedia au transmedia, ce qui nous permet d'exploiter la force de chaque média plutôt que de copier-coller nos images sur chaque plateforme», explique-t-il. Grâce au multimédia, les photographes peuvent également porter leur message plus loin en entrant en conversation avec le public: «On peut permettre à l'audience d'en savoir plus sur une photo, par exemple en lui expliquant avec des fenêtres cliquables comment elle a été prise, avec quel appareil, dans quel contexte, on peut lui raconter la vie de la personne photographiée, les possibilités sont infinies.»
Après 25 ans de métier, Stephen Mayes admet que la profession traverse une période difficile. «Avant, nous pouvions prévoir nos revenus et d'où ils allaient venir. Aujourd'hui, tout est imprévisible», note-t-il. Cependant, pour lui, l'industrie du photojournalisme de demain ne pose pas un défi de ressources, mais d'imagination. Ceux qui en ont assez pour porter un message fort et intègre sont les Robert Capa de demain.
Stephen Mayes parle de l'intégrité et du multimédia ici (2e partie de la série Sortir du Cadre):
Stephen Mayes était invité par le Programme de photographie professionnelle du Collège Dawson et les Productions Foton, organisatrices de l'exposition World Press Photo à Montréal. Il s'exprimera à nouveau ce soir aux côtés de la grande gagnante de World Press Photo 2010, Jodi Bieber, qui parlera de ses expériences en tant que femme photoreporter. Table ronde gratuite animée par Dennis Trudeau dans la salle 5B16 du Collège Dawson à 18h30.
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