CBC/Radio-Canada doit s'attendre à recevoir une enveloppe budgétaire amputée d'au moins 5% de la part du gouvernement, a indiqué hier le ministre du Patrimoine James Moore, en entrevue à CBC. Cette diminution de budget ne vise pas exclusivement le diffuseur public. Elle s'inscrit dans le vaste plan de réduction des dépenses de l'État.

CBC/Radio-Canada doit s'attendre à recevoir une enveloppe budgétaire amputée d'au moins 5% de la part du gouvernement, a indiqué hier le ministre du Patrimoine James Moore, en entrevue à CBC. Cette diminution de budget ne vise pas exclusivement le diffuseur public. Elle s'inscrit dans le vaste plan de réduction des dépenses de l'État.

Le dernier budget fédéral, déposé début juin, prévoit que 67 ministères et organismes publics doivent se soumettre à un «examen stratégique et fonctionnel» et proposer un plan d'économie de 5 à 10% de leurs dépenses de programmes afin de combler le déficit du pays en 2014-2015. Même les quelques ministères et organismes qui ont déjà fait l'exercice depuis 2007 doivent mettre l'épaule à la roue.

Les détails de ces compressions demeurent flous. Le mois dernier, Le Devoir constatait après enquête que le gouvernement se montrait «très secret» à ce sujet, distillant l'information au compte-goutte. Jusqu'à hier matin, Radio-Canada elle-même demeurait dans l'incertitude.

De fait, le CRTC a annoncé vendredi le report de l'audience publique sur le renouvellement des licences du réseau, exercice qui devait avoir lieu en septembre. «La Société a indiqué aujourd’hui que le gouvernement fédéral n’avait pas encore fixé son budget de fonctionnement futur. Compte tenu de cet élément d’incertitude, le CRTC est d’avis qu’il ne serait pas approprié d’établir des conditions de licence», a indiqué le Conseil.

Plan quinquennal compromis

On sait désormais que CBC/Radio-Canada devra composer avec au moins 5% de moins qu'à l'heure actuelle, en 2012-2013. Ceci équivaut à une réduction budgétaire d'environ 60 millions de dollars, soit l'enveloppe que reçoit le réseau tous les ans depuis 2001 pour financer ses initiatives de programmation canadienne, note l'analyste des médias et président du Groupe CIC, Richard Paradis.

Cette somme a été confirmée dans le budget 2011-2012 et le réseau public a conçu sa stratégie quinquennale, dévoilée en février, en fonction de ce financement. Dans ce plan, il s'engage «à étendre sa couverture régionale, à doubler son investissement sur les plateformes numériques et à offrir encore plus d'émissions originales canadiennes, dont un minimum de dix grands événements par année».

Cependant, «pour mettre en œuvre cette stratégie, la Société compte sur la stabilité de son financement, incluant notamment le renouvellement de ce crédit de 60 millions de dollars», insiste CBC/Radio-Canada dans un communiqué émis en mars. Dans le contexte du non-renouvellement de ce crédit, la société publique sera forcée de retourner à sa table à dessin pour revoir ses plans, estime Richard Paradis.

Les priorités de l'État

Pour le professeur Pierre C. Bélanger de l'Université d'Ottawa, ancien conseiller aux Nouveaux Médias de Radio-Canada, il est normal que la chaîne contribue aux efforts budgétaires du gouvernement, au même titre que les autres organismes publics. Selon lui, il n'y a pas là d'attaque frontale contre le radiotélédiffuseur public.

«Dans le contexte d'austérité que l'on connaît, ce n'est pas de l'importance de Radio-Canada dont il est question, mais de son importance relative face aux priorités d'un État qui fait face à une population et à des infrastructures vieillissantes et à un contexte économique mondiale sombre», explique-t-il.

Dans cette perspective, le ministre Moore s'est rallié hier à son collègue des Finances, Jim Flaherty, selon qui le domaine des arts ne doit pas être financé sur une base régulière. Ce, bien que «le gouvernement comprend totalement l'importance que revêt la culture pour l'économie canadienne». Une affirmation sur laquelle CBC/Radio-Canada tente d'ailleurs de miser en plaidant que les 1,1 milliard de dollars en fonds publics qui lui ont été versés en 2010 ont généré des retombées de 3,7 milliards.

 

Voir aussi:

Pourquoi le CRTC reporte-t-il l'audience sur Radio-Canada?

Radio-Canada veut prévenir les compressions budgétaires