Le nouveau Syndicat canadien des pigistes se définit lui-même comme un syndicat pour l’ère numérique. Selon le président, Michael O’Reilly, il est temps que des voix se lèvent pour réclamer une nette amélioration du sort des professionnels indépendants du milieu des communications, qu’ils soient journalistes, photographes, chroniqueurs, rédacteurs web ou concepteurs.

L’organisation, membre du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier, réunit des membres de partout au Canada. Ce mouvement amorcé pour soutenir les travailleurs indépendants n’est pas nouveau en lui-même. C’est sensiblement les mêmes principes qui sous-tendent l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ). Cela dit, force est de constater que la constitution d’un membership demeure toujours difficile, principalement parce que certains quittent lorsqu’ils dénichent un emploi à temps plein ou lorsqu’ils abandonnent le métier, faute d’avoir trouvé le filon nécessaire à leur ancrage dans la profession.

Une autre difficulté tient au fait que les éditeurs ne reconnaissent pas encore ce type d’association et que les négociations s’effectuent toujours derrière des portes closes et au cas par cas. La négociation collective, pour ce type de travailleurs autonomes, est loin d’être acquise.

Cela dit, avec un marché qui semble grandissant pour ces travailleurs à la pièce, la donne s’apprête peut-être à changer. Michael O’Reilly fait campagne en ce sens et compte militer pour éviter une détérioration globale des conditions de travail. Il mentionne au passage que selon les chiffres de la Professional Writers Association of Canada (PWAC), le revenu moyen d’un rédacteur pigiste se situait à environ 25 000$ par année en 1979. Trente ans plus tard, ce montant est de 24 000$. Loin de s’améliorer, les revenus ont subi une déflation.

Pour plusieurs publications, cette situation se traduit par des tarifs au feuillet qui sont demeurés inchangés pendant toutes ces années, alors que de l’autre côté, les exigences par rapport aux droits se sont appréciées, notamment en ce qui a trait aux droits d’auteur et à la déclinaison des textes achetés sur différentes plate-formes, sans compensations associées d’office.

«C’est la règle du “c’est à prendre ou à laisser”. Les entreprises de communications reformatent, revendent et transforment le “contenu” produit par les travailleurs indépendants de l’information. Elles trouvent de nouvelles façons de tirer profit du travail des pigistes, et de s’assurer que tout l’argent reste dans leurs poches», s’indigne M. O’Reilly.