Au Rendez-vous des médias citoyens, qui s’est tenu le 26 août à Montréal, Michel Venne, directeur de l’Institut du Nouveau-Monde et ancien journaliste, a soulevé la réflexion suivante : et si aujourd’hui certains propriétaires de médias avaient perdu de vue ce à quoi sont destinés leurs médias? Il citait notamment CKAC, longtemps considéré comme LA salle de nouvelles radio, devenu maintenant une chaîne exclusivement sportive et TQS (aujourd’hui V), chaîne généraliste, qui mise essentiellement sur le divertissement.
La nature de ces deux médias s’est considérablement transformée. Le rapport qu’ont les différents organes de presse avec l’information semble aussi avoir connu une certaine mutation. Cette réalité médiatique bouleversée ne tient pas uniquement au développement techonologique, mais aussi du rapport entretenu avec cette réalité. Selon Michel Venne, tout le cadre est actuellement distorsionné.
C’est sans doute dans cet esprit qu’a émergé cette mouvance citoyenne qui veut présenter et mettre à jour de l’information. Qu’on se le dise bien, l’information est gratuite, ce qui engendre des coûts c’est le traitement qui en est fait.
À la question : «où les médias traditionnels ont-ils raté leur passage au web?» Wayne MacPhail, de Rabble.ca, considère que les médias ne font encore que de l’occupationnel sur Internet et qu’ils n’en comprennent pas la culture. À son avis, les médias traditionnels sont certes présents sur Internet, mais ils n’ont pas franchi le pas de s’y intégrer vraiment. Il résume en disant que le web a une dimension de mise en commun et de partage, et que tant que l’information ne circulera qu’en silo, les médias ne réussiront pas à y percer. Il cite l’exemple de ces sites américains qui achètent massivement des blogues et ces intégrateurs de contenus qui offrent des tonnes de références reliées entre elles.
“Bars are known for their conversations, but they still sell beers”*, a-t-il lancé en boutade. Les médias apportent bel et bien quelque chose, mais ils ne doivent pas tenter de vendre une information, ce n’est pas ça leur produit, selon McPhail. Pour employer une image, il croit que les médias ont un peu perdu de vue l’art de la conversation, ce qui fait en sorte qu’aujourd’hui leurs ventes périclitent.
Sur l’avenir du journalisme, Michel Venne revient à la charge en disant que le développement des médias citoyens ne doit pas être perçu comme une menace, mais comme une manière d’enrichir le contenu produit avec rigueur et professionnalisme. Il considère que les journalistes sont nécessaires plus que jamais, mais que le corporatisme en érode peut-être la substance.
* Les bars sont renommés pour leurs conversations, mais ils vendent tout de même de la bière.
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