Lise Millette, Le Trente |

La décision des frères Rémillard d’abolir le service de l’information du Mouton noir et les 270 postes qui s’y rattachent marque-t-elle le commencement de la fin pour l’information traditionnelle au Québec?

« Que c’est triste! », s’exclame l’ancienne vice-présidente du réseau TQS, Thérèse David, rencontrée chez elle au lendemain de l’abolition des nouvelles par le nouveau patron du Mouton noir. Elle conserve dans ses cartons tous ses agendas des 30 dernières années, mais, pour le dossier TQS, elle n’en a pas besoin. L’histoire, elle l’a dans la peau, dans les heures de travail accumulées et dans l’optimisme qu’elle s’entête à conserver en espérant que le Mouton noir prépare la prochaine bataille.

« Il y a sûrement quelque chose derrière tout ça. C’est trop gros. En fait, je pense que l’on a fermé la salle des nouvelles pour faire quelque chose de différent », dit l’ancienne patronne des communications du réseau, qui elle-même avait fait ses boîtes en mars 2007. « Mais avec quelles ressources? On ne le sait pas. »

Une question que se pose aussi Daniel Giroux, secrétaire général du Centre d’études sur les médias. Forcément, la réflexion sur l’avenir de TQS se poursuit, selon lui. Et ce qui filtre du projet de programmation locale et régionale, avec des émissions nommées provisoirement Reflet Saguenay, Reflet Sherbrooke et Reflet Trois-Rivières, ne donne pas beaucoup d’indices sur l’intention réelle de Remstar quant à la production d’information.

Difficile de maintenir l’âme d’une chaîne de télévision traditionnelle après une coupe à blanc de son service d’information. Mais peut-être était-ce qu’il fallait pour sauver la boîte. Thérèse David rappelle d’ailleurs que, depuis la création du réseau, en 1986, tant les créations d’emplois que les compressions ont été le lot de ses employés. Et, plus récemment, « on sentait qu’on allait vers des moments difficiles et qu’il fallait réduire, restreindre, couper », relate Thérèse David.

Aurait-elle réduit les services d’information? « Oui. J’aurais coupé partout, au moins 60 postes, et je m’étais même donné en exemple en suggérant d’abolir le mien, ce que j’ai fait en partant. » C’est à ce moment précis de l’entrevue que la sonnette de la porte d’entrée retentit. Le magnétophone fait une pause. Le visiteur est un huissier. Thérèse David revient à la cuisine avec une enveloppe brune, à faire saliver tout journaliste. TQS? Oui. Thérèse était partie, mais pas tout à fait. L’huissier confirme ainsi qu’elle figure officiellement sur la liste des créanciers. « J’ai négocié un contrat de consultation de quatre ans avec ma prime de départ. Mais, honnêtement, si j’avais su que ça allait si mal, je n’aurais pas fait ça! »

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