Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) s'est penché cette semaine sur le renouvellement de licence des services de télévision privés francophones. La place de l'information à l'antenne de la chaîne V et l'indépendance des salles de nouvelles de TVA en région ont été au cœur des discussions. Le Conseil provincial du secteur des communications (CPSC) a étudié l'offre et la production d'information des deux chaînes appartenant respectivement à Remstar et à Quebecor.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) s'est penché cette semaine sur le renouvellement de licence des services de télévision privés francophones. La place de l'information à l'antenne de la chaîne V et l'indépendance des salles de nouvelles de TVA en région ont été au cœur des discussions. Le Conseil provincial du secteur des communications (CPSC) a étudié l'offre et la production d'information des deux chaînes appartenant respectivement à Remstar et à Quebecor.

«Une nouvelle menace à la diversité de l'information en région»

Représentant près de 8000 artisans du secteur des communications au Québec affiliés au SCFP-FTQ, dont près de 800 de TVA, le CPSC s'inquiète du regroupement sous le même toit des salles de nouvelles régionales de TVA et des hebdomadaires locaux du conglomérat. À Trois-Rivières, les journalistes de l'Écho de Shawinigan et de l'Écho de Trois-Rivières sont dans les mêmes locaux que ceux de TVA Mauricie et, à Sherbrooke, les journalistes du Journal de Sherbrooke et du Journal de Magog rejoindront prochainement ceux de TVA Sherbrooke. Pour le syndicat, cette réorganisation représente «une nouvelle menace à la diversité de l'information en région».

«On comprend que ce syndicat puisse avoir des interrogations face à ces nouvelles façons de faire, mais il est déplorable qu’il ait choisi de brandir des épouvantails plutôt que de saluer la contribution de Sun Media à la diversité des voix éditoriales et à la création d’emplois en régions, par l’entremise des 11 nouveaux hebdos que nous avons lancés depuis le début de 2010», a répliqué le directeur du développement et des opérations régionales des journaux régionaux de Sun Media au Québec, Mario Marois, par voie de communiqué.

La direction de Quebecor Media explique regrouper ses salles de nouvelles «afin d’éviter les doubles assignations, diminuer les coûts et augmenter la couverture de nouvelles pour le public». Elle se défend également d'enfreindre le Code d'indépendance journalistique du CCNR (Conseil canadien des normes de la radiotélévision) en en citant un extrait se terminant ainsi: «Les services de nouvelles d'entreprises de radiodiffusion relevant de groupes de sociétés propriétaires à la fois de médias électroniques et imprimés sont en mesure de respecter les objectifs de diversité et de caractère distinct tout en profitant des avantages de la propriété mixte des médias qui procurent les économies d'échelle nécessaires à l'extension et à la diversification de la couverture de l'actualité.»

Mais le CPSC estime que le regroupement des salles de nouvelles porte atteinte à la diversité de l'information et demande au CRTC de faire de l'étanchéité des salles une condition au renouvellement des licences du Groupe TVA. Afin de contrer la montréalisation de l'information à l'antenne de TVA Québec, il réclame également que la chaîne demeure contrainte de diffuser neuf heures de programmation exclusivement destinée aux citoyens de la capitale. Le groupe souhaite se départir de cette obligatoire. Il voudrait plutôt produire 18 heures de programmation locale commune à l'ensemble de ses chaînes régionales.

«Nous autres à V, les nouvelles on trouve ça plate!»

S'il souhaite un assouplissement des règles le concernant, le Groupe TVA réclame néanmoins que le CRTC serre la vis à son concurrent, V. L'entreprise plaide pour que la chaîne cesse de bénéficier des «allègements règlementaires» qui lui ont été accordés quand le groupe Remstar a acheté la défunte TQS en 2008 alors qu'elle était en faillite. Compte tenu de la situation financière de la chaîne, le CRTC avait accepté de réduire ses obligations de programmation locale et de nouvelles. V consacre ainsi 6% de son budget de programmation à l'information alors que les chaînes généralistes canadiennes y consacrent en moyenne 21% de leur budget de programmation. Mais, selon le Groupe TVA, V ayant renoué avec les profits l'année dernière, il n'y a plus lieu de lui faire de faveur.

Sur ce plan, la partie syndicale est en accord avec Quebecor Media. Le secrétaire général du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Denis Bolduc (anciennement président du syndicat de la rédaction du Journal de Québec) estime que «la décision du Conseil (NDLR:CRTC) à l'égard de V sera déterminante pour la qualité et la quantité de nouvelles produites au Québec et au Canada». Il souligne que la chaîne ne respecte même pas les conditions de licences allégées qui lui ont été consenties. Dans la région de Québec, elle ne produit même pas 30 minutes par semaines d'information, alors qu'elle doit produire dix heures de production locale hebdomadaire, dont deux heures d'informations locales, dénonce-t-il dans un communiqué.

Les échanges ont donc été houleux entre les dirigeants de V et les membres du CRTC, rapporte La Presse. «Vous savez que les nouvelles locales préoccupent le CRTC, mais vous n'avez fait aucun effort pour redresser la situation», a dénoncé le vice-président du Conseil, Tom Pentefountas, alors que certains se demandaient si V n'était pas devenue une chaîne spécialisée avec une licence de chaîne généraliste.

Mais le coprésident et chef de la direction de V Interactions, Maxime Rémillard, s'est défendu en expliquant miser sur «une stratégie de contre-programmation». Les nouvelles sont exclues de ce modèle d'affaires, car «il y a une surabondance de l'offre d'information dans le marché québécois», déclarait-il en août 2010, en marge du lancement de sa saison d'automne. Dans la même veine, son animateur vedette Jean-François Mercier lançait: «Nous autres à V, les nouvelles on trouve ça plate!»

 

Voir aussi:

V Télé exclues les nouvelles de sa stratégie d'affaires

Guerre des hebdos: Quebecor attaque en Mauricie